, envoyé spécial au Caire – Pour contrebalancer ce qu’elles considèrent comme une couverture partiale des événements par la presse internationale, les autorités égyptiennes ont autorisé les journalistes à rencontrer des policiers blessés ces derniers jours. Reportage.
Le gouvernement égyptien a exceptionnellement ouvert à la presse, dimanche 18 août, les portes de l’hôpital du Caire où sont soignés les policiers. Des journalistes, dont l’équipe de FRANCE 24, ont ainsi été invités à rencontrer des blessés présentés comme des policiers passés à tabac ou touchés par balles lors d’affrontements avec des partisans des Frères musulmans, dont est issu le président déchu Mohamed Morsi.
"J’ai été touché par balles à la poitrine alors que j’étais posté sur le pont du 6-Octobre", rapporte Mohamed Samir depuis son lit d’hôpital. "Les tireurs embusqués au sommet des immeubles ont visé les parties de mon corps qui n’étaient pas protégées par mon gilet pare-balles", ajoute le policier visiblement exténué.
Plusieurs micros se tendent alors vers le blessé pour récupérer un peu plus d’informations sous la surveillance du major-général Badr Hijazy, sous-directeur de l’hôpital situé dans le quartier d’Agouza. Ce dernier affirme qu’environ 70 membres des forces de sécurité ont été tués lors des affrontements de ces derniers jours.
"État critique"
La visite continue au pas de charge avec Wael Mokhtar, un policier passé à tabac lors de la dispersion, le 14 août, du campement pro-Morsi de la place Nahda. Un journaliste égyptien demande à l’officier au visage recouvert de pansements avec quelles armes il a été attaqué. "Ils n’avaient pas d’armes", répond péniblement le blessé. "Est-ce qu’il s’agissait bien de Frères musulmans ?", demande alors le reporter. "Dieu seul le sait !", s’exclame le patient.
Apparemment gêné par ces réponses, le sous-directeur de l’hôpital coupe court à l’interview en déclarant soudainement le patient dans "un état critique". "Il est inconscient , il faut le laisser se reposer maintenant", ajoute le major-général Badr Hijazy avant de passer à un autre blessé.
Depuis l’évacuation sanglante des campements pro-Morsi, les médias officiels imputent la responsabilité des violences aux Frères musulmans et à leurs partisans, accusés d’être des "terroristes". Les autorités égyptiennes se sont également offusquées de la couverture des médias internationaux, jugées trop pro-Morsi.
L’absence de perspective de règlement politique entre anti- et pro-Morsi fait craindre un cycle de violences en Égypte. Selon le dernier bilan officiel, plus de 800 personnes, en grande majorité des partisans du président déchu, ont été tuées à travers le pays.