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Nouvel appel à manifester après l'évacuation d'une mosquée au Caire

Après quatre jours de violences qui ont fait plus de 750 morts en Égypte, et l'évacuation, samedi, de la mosquée Al-Fath où s'étaient retranchés des centaines de pro-Morsi, les islamistes appellent dimanche à de nouveaux rassemblements.

L'UE prête à réexaminer ses relations avec Le Caire

Les dirigeants de l'Union européenne (UE), Herman Van Rompuy et José Manuel Barroso, ont averti dimanche 18 août le gouvernement égyptien que les Vingt-Sept étaient prêts à "réexaminer" leurs relations avec Le Caire si la violence ne cesse pas dans le pays.

L'UE appelle à la fin des violences et à un retour au dialogue et au processus démocratique. "À cette fin, l'UE, avec ses États membres, va réexaminer urgemment dans les jours qui viennent ses relations avec l'Égypte, et prendre des mesures visant à atteindre ces buts", ont déclaré les deux dirigeants dans un communiqué.

Avec AFP

Les islamistes ont appelé à de nouvelles manifestations dimanche 18 août en Égypte, au lendemain de l'évacuation de la mosquée Al-Fath, dans le centre du Caire, où étaient retranchés des centaines de manifestants, faisant craindre de nouvelles violences après quatre jours de heurts qui ont fait plus de 750 morts. Au total, 385 personnes qui se trouvaient à l'intérieur de la mosquée ont été arrêtées, a annoncé le ministère égyptien de l'Intérieur.

Selon Sonia Dridi, correspondante de FRANCE 24 au Caire, les Frères musulmans et leurs alliés devraient débuter une marche à 16 heures GMT vers la Cour constitutionnelle.

Malgré les appels lancés quotidiennement par les partisans du président déchu Mohamed Morsi, aucune manifestation n'a été signalée samedi dans le pays, même si quelques rassemblements ont eu lieu dans la soirée.

À Alexandrie, dans le nord, des affrontements ont opposé des manifestants islamistes à d'autres civils, selon l'agence officielle Mena, dont l'information n'a pas pu être vérifiée dans l'immédiat.

Champ de bataille

L'état d'urgence et le couvre-feu nocturne restent en vigueur dans le pays, devenu un véritable champ de bataille depuis mercredi et la dispersion dans le sang, au Caire, des campements des partisans de Mohamed Morsi, premier président démocratiquement élu du pays.

Devant la mosquée Al-Fath, un journaliste de l'AFP a vu, samedi, des policiers faire sortir de force sept ou huit hommes et tirer pour disperser une foule de résidents en colère, massés à l'extérieur, qui a violemment frappé les hommes à coups de bâtons et de barres de fer. Selon l'agence officielle Mena, des tireurs ont également ouvert le feu à la mi-journée sur les forces de l'ordre depuis le minaret de la mosquée.

Les policiers et les militaires ont immédiatement répliqué, selon le journaliste de l'AFP, avant de tirer des grenades lacrymogènes et de prendre d'assaut la mosquée. En fin d'après-midi, des sources de sécurité ont affirmé que la police avait évacué la mosquée.

Depuis vendredi soir, décrétée "journée de la colère" par les pro-Morsi, de nombreux manifestants, dont des femmes, s'étaient réfugiés dans la mosquée. Plus d'un millier s'y trouvaient toujours quand la police est intervenue, selon les Frères musulmans, l'influente confrérie de l'ex-chef de l'État.

Justice de rue

L'Égypte avait connu mercredi la journée la plus sanglante depuis la chute du régime de Hosni Moubarak en février 2011, avec officiellement 578 morts, la plupart des pro-Morsi tués lors de l'opération sanglante contre leurs campements au Caire. Au total, plus d'un millier de personnes, essentiellement des pro-Morsi, ont été tuées depuis fin juin dans des affrontements avec les forces de l'ordre et avec des anti-Morsi.

Dans un pays où les divisions n'ont jamais semblé si profondes, les violences ont fait surgir le spectre d'une justice de rue. Des "comités populaires" - surtout des groupes de jeunes souvent excités et armés - se sont mis en place et fouillent les passants, contrôlent l'accès à leur quartier et amènent de force à l'armée et à

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En duplex du Caire
Nouvel appel à manifester après l'évacuation d'une mosquée au Caire

la police toute personne leur paraissant suspecte.

Alors que l’ancien président est détenu au secret par l'armée depuis sa destitution, le ministère de l'Intérieur a pour sa part annoncé avoir arrêté plus d'un millier d'islamistes vendredi. Le frère du chef d'Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri, a également été arrêté dans la banlieue du Caire pour "soutien" à Mohamed Morsi. Par ailleurs, le fils du Guide suprême des Frères musulmans a été mortellement touché par balle durant ces heurts, a annoncé la confrérie.

Avec dépêches