logo

Divisions au sein d’Ennahda sur la formation d'un gouvernement apolitique

Le chef du parti islamiste Ennahda, Rached Ghannouchi, s’est opposé jeudi à la formation d’un gouvernement apolitique en Tunisie, réclamée par l’opposition. La veille, le secrétaire général du même parti avait tenu le discours inverse.

Rien ne va plus au sein de la formation islamiste de Tunisie. Jeudi 15 août, le chef du parti Ennahda, au pouvoir, Rached Ghannouchi a balayé la requête de l’opposition portant sur la formation d'un gouvernement non partisan pour sortir le pays de la crise politique. Ce faisant, il a affiché au grand jour les dissensions internes au parti, alors que son secrétaire général avait tenu le discours inverse la veille.

Selon Ghannouchi, un gouvernement apolitique n'aiderait en effet pas la Tunisie à sortir de la "situation délicate" dans laquelle elle est plongée depuis l'assassinat en juillet du député d'opposition Mohamed Brahmi, issu de la gauche laïque.

"Ennahda refuse le gouvernement proposé par le Front de salut national [l’hétéroclite coalition d'opposition en Tunisie, NDLR], ce serait un danger pour le pays, le pousserait vers le vide, l'anarchie et achèverait l'expérience démocratique en Tunisie", a estimé Rached Ghannouchi, donnant ainsi une fin de non recevoir à ses opposants qui se mobilisent depuis maintenant trois semaines. Il s’est cependant dit ouvert à la formation d'un gouvernement d'union nationale, à la condition que tous les partis y soient représentés.

Le chef du parti a par ailleurs exclu toute démission du gouvernement et dissolution de la Constituante, qualifiant "d'anarchistes" les revendications de l'opposition en ce sens. "Il y a un quasi-consensus pour le maintien de l'Assemblée (nationale constituante), les appels anarchistes à sa dissolution sont devenus minoritaires", a-t-il ajouté.

Hamadi Jebali, l'aile modérée d'Ennahda

Toutefois, en parlant au nom d’Ennahda, Ghannouchi a fait fi de la déclaration, faite la veille, par le secrétaire général du parti, Hamadi Jebali. Ce dernier, représentant de l’aile modérée de la formation politique, considère lui qu’un gouvernement de technocrates aurait bel et bien sa place dans le pays. "Il faut former un gouvernement apolitique pour conduire le pays vers des élections dans les six mois", a indiqué celui qui a dirigé le gouvernement entre décembre 2011 et février 2013.

Galvanisée par l'exemple égyptien, l’opposition demande la dissolution de l'Assemblée nationale constituante, par crainte que la nouvelle Constitution et la nouvelle loi électorale en cours d'élaboration ne consolident la mainmise d’Ennahda sur le pays. Accusant notamment le gouvernement actuel d’avoir failli sur le plan sécuritaire, elle a rejeté l'ensemble des propositions des islamistes et jugé qu'un dialogue ne pouvait débuter qu'avec la mise en place d'un gouvernement formé d'indépendants.

En outre, la coalition d’opposition a annoncé mardi le début d'une campagne "dégage", mot d'ordre largement utilisé lors des révolutions arabes, et notamment tunisienne, en 2011.

Avec dépêches