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L'opposant russe Alexeï Navalny accusé d'être financé par l'étranger

Le parquet russe a accusé lundi l'opposant Alexeï Navalny, candidat à la mairie de Moscou, de financer sa campagne pour l'élection municipale avec des fonds venus de l'étranger, ce qui est interdit par la loi.

Le parquet russe a indiqué lundi 12 août qu’Alexeï Navalny avait obtenu "des financements étrangers" pour sa campagne en vue de l’élection municipale de Moscou. Selon le parquet, plus de 300 personnes physiques et juridiques étrangères, ainsi que des donateurs anonymes issus de 46 pays (dont les États-Unis, la Finlande, la Grande-Bretagne, la Suisse et le Canada) ont donné de l'argent à l'opposant russe et à des membres de son équipe via un système de paiement sur Internet afin de le soutenir pour le scrutin prévu le 8 septembre prochain.

Or la législation russe interdit aux candidats à une élection de recevoir des financements étrangers pour mener campagne. Le parquet, qui a mené ces vérifications après des accusations lancées par le député ultra-nationaliste Vladimir Jirinovski, a envoyé les documents au ministère de l'Intérieur pour qu'il décide s'il est nécessaire d'ouvrir une enquête.

Quand Vladimir Poutine a prêté serment le 7 mai 2012, pour un troisième mandat à la tête de la Russie, son retour au premier plan politique avait provoqué d’importantes manifestations d’opposants vivement réprimées dans le pays. Une figure avait alors émergé : le blogueur Alexeï Navalny. Devenu une icône de l’opposition, il a depuis été mis en cause dans plusieurs affaires d’escroquerie et de détournement présumés. Il risque ainsi déjà cinq ans de prison dans une affaire de malversation qu'il dénonce.

Navalny "pas étonné"

L'opposant a immédiatement réfuté les accusations lancées contre lui. "Le parquet a littéralement tout inventé. (….) Notre campagne est la plus transparente du point de vue des financements", a-t-il écrit sur son blog. Interrogée par la radio Écho de Moscou, une porte-parole du service de paiement en ligne Yandex-Dengui a indiqué que le parquet ne s'était d'ailleurs pas adressé à eux.

L’opposant numéro un à Vladimir Poutine, âgé de 37 ans, avoue ne pas être étonné de ces nouvelles allégations. "Il y a deux jours on se disait au QG de campagne : comment va-t-on nous dénigrer à la télévision alors que la hausse dans les sondages est évidente et que le cauchemar de la mairie et du Kremlin -- un second tour -- pourrait se réaliser?", a-t-il écrit.

Une opposition encore marginale

Selon un sondage du centre indépendant Levada, diffusé mi-juillet, Alexeï Navalny n'est seulement crédité que de 8% des voix, très loin derrière l'actuel maire, Sergueï Sobianine, du parti au pouvoir, qui obtiendrait plus de 70 % des suffrages. Mais ces dernières semaines, l'opposant et son équipe ont multiplié les distributions de tracts et les meetings à la rencontre des électeurs dans la rue afin d'inverser cette tendance. Lundi soir, des débats entre candidats sont également prévus à la télévision russe. L'actuel maire a refusé d'y participer.

Selon la commission électorale de Moscou, Alexeï Navalny a reçu à la date du 6 août près de 31 millions de roubles (78 000 euros) pour sa campagne, contre 100,5 millions de roubles (2,3 millions d'euros) pour Sergueï Sobianine.

Avec dépêches