Les partisans de l'ex-président égyptien ont de nouveau massivement manifesté vendredi dans les principales villes d'Égypte. Alors que le gouvernement menace d'évacuer les sit-in au Caire, la communauté internationale redoute le pire.
"Aussi longtemps qu’il évitera la violence, le secrétaire général [de l’ONU] est persuadé que le peuple égyptien, qui représente une des grandes civilisations de l'Histoire, saura trouver le moyen de progresser", a déclaré vendredi soir le porte-parole de Ban Ki-moon.
Ces propos sont pour le moins optimistes : les tensions qui règnent en Égypte depuis la destitution, début juillet, du président démocratiquement élu Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans, ne cesse de s’accroître.
Après la grande prière du vendredi, des milliers de personnes ont défilé dans les principales villes égyptiennes, notamment au Caire, à Alexandrie et à Assioud, dans le centre du pays.
Selon l’agence Mena, des affrontements ont éclaté dans la province de Charqiya (nord), entre des manifestants pro-Morsi et des habitants, blessant une dizaine de personnes. Par ailleurs, au moins quatre personnes ont été blessées dans un faubourg du sud du Caire, dans la cité de Fayyoum, dans des violences qui ont opposé les forces de l’ordre aux manifestants.
Évacuations planifiées au Caire
Dans la capitale, des cortèges, forts de plusieurs milliers de personnes, ont également afflué du centre de la ville vers la place Rabaa al-Adawiya, centre névralgique de la contestation des pro-Morsi. À cet endroit, ainsi que sur la place Nahda, un peu plus au sud, les protestataires se sont barricadés avec femmes et enfants. Les Frères musulmans, qui dénoncent un coup d’État, ont promis de mener une "lutte pacifique jusqu’à ce que le pays revienne sur le chemin de la démocratie".
Le journaliste de l’AFP rapporte une ambiance de kermesse, alors que les musulmans célèbrent l’Aïd el-Fitr, marquant la fin du mois de ramadan, avec des attractions et des spectacles destinés aux nombreux enfants présents sur place.
Mais cette atmosphère bon enfant risque de faire long feu. Le gouvernement, qui accuse les manifestants de stocker des armes automatiques, a laissé entendre que les deux places allaient être évacuées sous peu.
Selon plusieurs observateurs présents sur place, les nouvelles autorités – fortes d’un soutien massif de la population et des médias égyptiens – pourraient lancer leur opération d’évacuation dimanche, à la fin de l’Aïd el-Fitr.
Craintes d’un bain de sang
"Nous approchons du moment que nous préférerions éviter", a menacé jeudi, le Premier ministre par interim, Hazem el-Beblawi, tout en assurant qu’il donnerait "aux manifestants une chance de réconciliation et l’opportunité de chercher la voix de la raison".
Ces propos confortent les craintes de la communauté internationale, qui redoute un bain de sang. En un peu plus d’un mois, quelque 250 personnes ont été tuées dans des affrontements entre pro et anti-Morsi, ou dans des heurts avec la police. La majorité des victimes appartiennent au camp des partisans du président déchu.
Mais la situation est devenue particulièrement préoccupante depuis l’échec, le 7 août, de la médiation internationale. Après 10 jours de ballet diplomatique ininterrompu d’émissaires européens, américains, africains et arabes au Caire, le gouvernement égyptien par interim a brusquement mis un terme aux discussions, douchant les espoirs de la communauté internationale de parvenir à mettre un terme à la crise politiquelors.
Avec dépêches