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Échec des médiations étrangères pour sortir l'Égypte de la crise

La présidence égyptienne a annoncé l'échec des efforts des médiations étrangères visant à sortir le pays de la crise qui divise les Égyptiens depuis la destitution du président islamiste Mohamed Morsi le 3 juillet.

La présidence égyptienne a annoncé, mercredi 7 août, l'échec de toutes les délégations, américaine, européenne, qatarie et des Émirats arabes unis à convaincre les Frères musulmans d'une solution pacifique à la crise actuelle, éloignant un peu plus les chances d'une sortie de crise négociée. Des émissaires de pays occidentaux et arabes tentaient depuis quelques jours d’éviter une confrontation sanglante entre forces de l'ordre et les partisans du président islamiste Mohamed Morsi, destitué et arrêté par l'armée le 3 juillet.

Dispersion forcée des pro-Morsi dès la fin du ramadan

Le gouvernement égyptien, par la voix de son Premier ministre Hazem Beblawi, a demandé mercredi aux pro-Morsi de se disperser "rapidement" sur les deux places du Caire qu'ils occupent, menaçant d'intervenir après le ramadan qui prend fin dans la soirée.

Il a promis que ceux qui quitteraient les deux places pacifiquement et de leur propre chef ne seraient pas poursuivis et annoncé que des bus gratuits étaient à leur disposition pour ce faire.

Le gouvernement intérimaire, mis en place par l'armée, "rend responsable les Frères musulmans de l'échec de ces efforts", lit-on dans un communiqué de la présidence.

Cette information avait été dévoilée plus tôt le matin par le quotidien public "Al Ahram", qui a ajouté que le gouvernement intérimaire allait déclarer que les manifestations organisées par la confrérie, dont est issu le président déchu, ne sont pas pacifiques. Ce qui sous-entend que les forces de l’ordre pourraient les disperser par la force. Mais pas avant dimanche, qui marquera la fin de l'Aïd al-Fitr, la fête qui clôt le mois du ramadan.

Les forces de l'ordre ont promis la semaine dernière aux manifestants qui campent au Caire, sur les places Rabaa al-Adawiya et Nahd, une sortie en toute sécurité s'ils acceptent de quitter les lieux. Toutefois, ils avaient aussi prévenu qu'il y avait des limites à leur patience.

Mardi, un haut responsable gouvernemental a expliqué à l'AFP que les autorités leur laissaient deux choix : "reconnaître le changement" en levant les sit-in organisés quotidiennement depuis le coup d’État militaire et, de ce fait, être autorisés à participer à la transition, ou "être dispersés avec le moins de pertes possibles".

"Ingérence inacceptable dans la politique intérieure"

L'imam d'Al-Azhar cheikh Ahmed Al-Tayeb cherche une solution de crise

Selon plusieurs médias égyptiens, la plus haute autorité musulmane d'Égypte, l'imam d'Al-Azhar cheikh Ahmed al-Tayeb, s'apprête à appeler à la tenue d'"une importante réunion" pour résoudre la crise qui secoue le pays. Et ce, dès la semaine prochaine, après la fête de l'Aid al-Fitr, qui marque la fin du mois de ramadan.

Deux sénateurs américains, dont l’ex-candidat républicain à la présidentielle américaine de 2008, John McCain, en mission de médiation avaient indiqué, mardi, qu'ils considéraient l'éviction de Mohamed Morsi comme un coup d'État militaire. Ils ont également appelé l'armée à libérer des prisonniers politiques et à entamer un dialogue national pour ramener l'Égypte sur le chemin de la démocratie. Des prises de positions qui ont suscité une réaction ferme du président égyptien par intérim, Adly Mansour.

Il s'agit d'une "ingérence inacceptable dans la politique intérieure" de l'Égypte, a-t-il indiqué à la télévision publique égyptienne.

De son côté, à Washington, un responsable du département d'État a déclaré après ces commentaires : "Nous restons attachés à nos efforts en cours visant à calmer la tension, prévenir la violence et aller vers un processus politique comprenant toutes les parties."

Le mot "coup d'État", que les responsables américains avaient soigneusement évité, pourrait, selon la législation américaine en vigueur, déclencher une réduction de l'aide de 1,3 milliard de dollars reçue chaque année par l'Égypte.

Avec dépêches