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Présidentielle : le camp Mugabe revendique la victoire avec "70% à 75% des voix"

Alors que les résultats officiels ne sont pas attendus avant le 5 août, le camp de Robert Mugabe revendique haut et fort sa victoire à l'élection présidentielle. L'opposant Morgan Tsvangirai dénonce, lui, une "énorme farce".

Le président zimbabwéen sortant, Robert Mugabe, s'acheminait vendredi 2 août vers une victoire écrasante à l'élection présidentielle de mercredi, selon les estimations de ses partisans.

Les pro-Tsvangirai envisagent de manifester massivement

Le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), parti du Premier ministre Morgan Tsvangirai, pourrait appeler ses partisans à des manifestations de masse pour dénoncer "l'énorme farce" des élections de mercredi au Zimbabwe. "Des manifestations et une action de masse sont des options envisagées", a déclaré le porte-parole du parti, Douglas Mwonzora.

L'opposition a dénoncé de nombreuses irrégularités et des tentatives d'intimidation menées par les militants de la Zanu-PF (Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique).

Pour Rugare Gumbo le porte-parole du parti présidentiel, Robert Mugabe mettrait même K.-O. son principal rival, Morgan Tsvangirai, avec qui il était jusqu'à présent associé dans un gouvernement de cohabitation."La prédiction, c'est que le président devrait avoir de 70 à 75% [des voix]. C'est le sentiment, d'après ce que je vois remonter du terrain", a-t-il déclaré. "Je crois que nous aurons une majorité des deux tiers environ", à l'Assemblée, où le parti de l’opposant  Tsvangirai était majoritaire, a-t-il ajouté. Un score dont le décompte officiel de la Commission électorale s'approchait en début de soirée.

Faisant fi de ses propres injonctions – Mugabe avait menacé de sanctions quiconque divulguerait des résultats préliminaires avant l’annonce officielle, le 5 août – le plus vieux chef d’État du monde, au pouvoir depuis 33 ans, semble donc assumer sans complexe son avance sur son adversaire.

Un scrutin "nul et non avenu"

Dans le camp de l’opposant et Premier ministre Morgan Tsvangirai, on crie plutôt à la "farce électorale" et l'on ne cesse de dénoncer de massives malversations. Alors que l’Union africaine a estimé que ces élections avaient été "libres, honnêtes et crédibles", le Premier ministre a lui estimé que le scrutin était "nul et non avenu".

Ces allégations de fraudes sont également rapportées par l’ONG Zimbabwe Election Support Network (ZESN), qui avait déployé des observateurs pendant le scrutin. Son président Solomon Zwana a affirmé que "quel que soit le résultat, la crédibilité des élections (...) est sérieusement compromise". En cause : "un effort systématique visant à priver les électeurs urbains de leurs droits électoraux. Jusqu'à un million d'électeurs ont été privés de leurs droits", a-t-il indiqué lors d’une conférence de presse.

Selon l’ONG, "99% électeurs des zones rurales ont été enregistrés sur les listes électorales contre 70% pour les zones urbaines", précise Caroline Dumay, l’envoyée spéciale de FRANCE 24 en Afrique du Sud. 

Les sondages crédibles sont rares

Les sondages crédibles sont rares, mais une enquête menée en mars et avril par le cabinet américain Williams indiquait que 61 % des Zimbabwéens avaient une bonne opinion du MDC, le mouvement de Tsvangirai, contre 27 % pour la Zanu-PF du président Mugabe.

Le vieux président, dont les précédentes élections ont été marquées par des violences et des tricheries, avait promis que le scrutin serait exemplaire. Lors de la dernière présidentielle en 2008, Morgan Tsvangirai avait pris l'avantage avec 47 % des voix au premier tour, contre 43 % à Robert Mugabe. Les partisans du président s'étaient alors déchaînés contre leurs opposants, faisant près de 200 morts. 

Pour éviter une guerre civile, Morgan Tsvangirai avait retiré sa candidature, laissant le sortant seul en lice pour le second tour. Puis il avait accepté en 2009 de cohabiter avec Robert Mugabe, sous la pression de la communauté internationale, pour mettre fin aux violences. 

Les résultats du premier tour de la présidentielle ne sont pas attendus avant le 5 août. Un éventuel deuxième tour pourrait être organisé le 11 septembre si aucun des deux candidats n'obtient 50 % des voix.

Avec dépêches