Le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, s'est exprimé jeudi devant le Parlement sur le scandale de corruption qui secoue son parti depuis six mois, et dans lequel son nom est cité. Il dénonce des "mensonges et manipulations".
"Je me suis trompé en faisant confiance à quelqu'un qui ne le méritait pas". Le chef du gouvernement de droite espagnol Mariano Rajoy a pris la parole, jeudi 1er août, devant les députés pour fournir les "clarifications nécessaires" sur "l'affaire Barcenas", du nom de ce trésorier du Parti populaire (PP, centre-droit), accusé d’avoir versé de l'argent au noir à plusieurs de ses dirigeants, dont Mariano Rajoy lui-même, de 1997 à 2009.
it"Je me présente devant les députés pour fournir les clarifications nécessaires sur la situation que nous vivons", a affirmé Mariano Rajoy, ajoutant qu'il entendait démentir les "mensonges et manipulations" le concernant et en excluant de quitter son poste. "Rien [...] ne m'empêchera de démissionner".
"Vous n’avez pas dit la vérité aux Espagnols"
Cette mise au point était réclamée aussi bien par le principal parti d’opposition, le PSOE, que par les membres de son propre clan, "bien qu’ils ne veuillent pas l’admettre en public", a révélé le quotidien "El Mundo", selon qui un "climat hostile" attend le chef du gouvernement. Mais elle ne semble pas avoir convaincu tout le monde. Le chef de l'opposition Alfredo Perez Rubalcaba a de nouveau exigé la démission du chef du gouvernement espagnol. "Monsieur Rajoy, vous n'avez pas dit la vérité aux Espagnols". "Vous portez préjudice à l'Espagne. Pour cela, je vous demande de partir", a-t-il déclaré.
L'exercice était délicat pour le chef du gouvernement qui, malgré sa confortable majorité absolue au Parlement, se retrouve en posture difficile, aux prises avec des soupçons de corruption qui, en pleine crise économique, ont déjà entamé sa crédibilité.
Le nom de Mariano Rajoy est apparu pour la première fois le 31 janvier dans des notes publiées par El Pais, devenues célèbres sous le nom des "notes de Barcenas". Selon ces documents, le chef du gouvernement aurait perçu, entre 1997 et 2008, "des paiements pour un montant total de 25 200 euros par an" provenant de dons de chefs d'entreprises privées.
Barcenas, seul responsable ?
Jamais, depuis que le scandale a éclaté il y a six mois, le chef du gouvernement, au pouvoir depuis la fin 2011, n'avait donné d'explications au pays même s'il avait, dès février, nié ces accusations. Il a toujours assuré qu’il n’avait jamais touché un centime de ces caisses noires, tout en accusant Luis Barcenas d’être le seul responsable. Mais face aux soupçons qui se sont installés, au mécontentement d'une partie de l'opinion publique et aux pressions politiques, il semble avoir changé de stratégie.
"J'ai compris que face aux doutes que peuvent avoir de nombreux citoyens espagnols, il est bon que je m'adresse au Parlement", avait-il annoncé le 22 juillet, en promettant que ces explications, au-delà du seul cadre de "l'affaire Barcenas", porteraient "sur la situation économique que vit le pays".
D’autres dirigeants du Parti populaire sont mis en cause dans cette affaire. Maria Dolores de Cospedal, numéro deux du PP et présidente de la région de Castille-La-Manche, est convoquée comme témoin le 14 août prochain par la justice. Ses deux prédécesseurs au poste de secrétaire général du parti, Javier Arenas et Francisco Alvarez Cascos, sont pour leur part convoqués le 13 août pour s’expliquer.
Avec dépêches