
Les révélations d'un ex-employé d'une clinique de Floride, qui aurait fourni des produits dopants à des sportifs, ont conduit la Ligue de baseball à mener une enquête sur plusieurs joueurs. Des basketteurs de la NBA pourraient aussi être concernés.
Alors qu’en France, le monde du cyclisme a été secoué cette semaine par les dernières révélations du rapport du Sénat sur le dopage, aux États-Unis, c’est la planète baseball qui tremble. L’une des plus grandes stars de la Ligue américaine (MLB), Ryan Braun des Milwaukee Brewers, a été suspendue le 22 juillet pour le reste de la saison pour avoir enfreint la politique antidopage. Ce joueur est le premier à tomber dans l’affaire "Biogenesis" qui pourrait bien toucher d’autres disciplines. Selon les dernières révélations d'un ancien employé d'une clinique de Floride, des athlètes de plusieurs sports de premier plan sont concernés.
Un mystérieux informateur
Depuis des mois, les médias américains vivent au rythme de ce scandale de dopage, l’un des plus importants de l’histoire du sport nord-américain. En janvier dernier, un article du "Miami New Times" révèle que la clinique Biogenesis, un centre anti-âge en Floride, fournit des produits dopants à une vingtaine de joueurs de la MLB.
Le journal se base sur les informations récupérées par Porter Fischer, l'ex-directeur marketing de cet établissement. Par vengeance, furieux de ne pas avoir reçu suffisamment d'argent après avoir investi 4 000 dollars dans l'entreprise, cet homme de 48 ans a rassemblé des dossiers compromettants démontrant que la clinique, dirigé par un faux docteur, Tony Bosch, a vendu des hormones de croissance, de la testostérone ainsi que des stéroïdes anabolisants à ces sportifs.
Quand le scandale éclate début 2013 "cet informateur" préfère garder l'anonymat. Mais très rapidement la MLB retrouve sa trace. Selon Porter Fischer, la ligue lui a alors proposé 125 000 dollars pour récupérer ces fameux documents, mais le dénonciateur refuse, s'estimant harcelé. "C’était une menace d’avocat. Non merci, cela ne valait pas le coup", a-t-il expliqué au "Miami New Times".
Durant plusieurs semaines, il vit dans la peur craignant pour sa sécurité. En mars, sa voiture est même cambriolée. Quatre des sept boîtes des dossiers de Biogenesis disparaissent mystérieusement. L’affaire se transforme en roman d’espionnage : "Peu importe qui a fait ça, c’était des professionnels. Ils m’ont suivi pendant des heures, dans l’attente d’une opportunité".
La NBA incriminée ?
Effrayé, Porter Fischer se sent aussi abandonné par les autorités en charge de la lutte contre le dopage, alors qu'il se disait prêt à collaborer. Malgré l'importance de ses informations, il ne comprend pas pourquoi son ancien patron Tony Bosch n’est condamné en mai dernier qu’à verser une simple amende de 5000 dollars au Ministère de la santé de Floride.
Mais ses révélations ont toutefois des conséquences. Même si elle n'arrive pas à se mettre d'accord avec Porter Fischer, la MLB, éclaboussée depuis des années par des scandales de dopage, décide de lancer sa propre enquête et d'interroger certains joueurs soupçonnés d’avoir utilisé les produits de Biogenesis.
Alors que Ryan Braun a déjà été sanctionné, le prochain sur la liste devrait être Alex Rodriguez, la vedette des New York Yankees qui pourrait être suspendu à vie. L’athlète de 38 ans, triple meilleur joueur de la saison (2003, 2005, 2007) avait déjà avoué s’être dopé de 2001 à 2003, mais il nie avoir continué depuis. Une vingtaine d’autres joueurs seraient aussi dans la ligne de mire de la MLB.
Les dossiers de Porter Fischer pourraient également faire chuter d’autres idoles. Dans son premier entretien télévisé, qu’il a accordé jeudi à la chaîne ESPN, l’ancien employé de Biogenesis affirme que les clients de la clinique ne jouaient pas seulement au baseball. Selon lui, les documents permettent d’identifier des boxeurs professionnels, des tennismen, des pratiquants d'arts martiaux ainsi que des basketteurs de la NBA et de la NCAA (championnat universitaire).
"Sur les quatre années sur lesquelles je dispose d'éléments, je pense qu’il y a plus d’une centaine de noms. C’est presque flippant de voir qu’autant de personnes ont eu recours aux traitements de Bosch et comment il a pu s’en sortir", affirme Porter Fischer qui a toutefois refusé de donner des identités précises.
Six mois après le début de l’affaire, la source du scandale affirme ne rien regretter. Il estime juste avoir payé pour les autres : "Je n’ai plus d’amis. Les gens que je pensais être mes proches m’ont abandonné (…) Ce n’est pas ce à quoi je m’attendais".