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Le député-maire de Cholet, Gilles Bourdouleix, est accusé d'avoir publiquement évoqué l'extermination des gens du voyage par le régime nazi. Le procureur de la République va être saisi pour apologie de crimes contre l'Humanité.

"Hitler n’en a peut-être pas tué assez". Cette sortie, visant des gens du voyage, serait signée Gilles Bourdouleix, le député-maire de Cholet, une commune du Maine-et-Loire, dans le centre-ouest de la France. 

L’homme, vice-président et membre fondateur de l'Union des démocrates indépendants (UDI), le parti présidé par Jean-Louis Borloo, se trouvait dimanche 21 juillet sur un campement installé sur un terrain agricole, où des gens du voyage avaient installé 150 caravanes quelques jours plus tôt. Excédé par les saluts nazis et les accusations de racisme proférés à son encontre, Gilles Bourdouleix aurait marmonné cette phrase, enregistrée par un journaliste du "Courrier de l’Ouest" et diffusée sur Internet.
"Vous faire traiter d’Hitler, vous croyez que c’est agréable ? On se fait injurier à longueur de temps", a réagi l’édile, dont les propos ont été également rapportés par le "Courrier de l’Ouest" dans son édition de lundi. "L’autre jour, ils me traitaient de pédophile. Alors qu’eux, la moitié des enfants sont entre pères, grands-pères…", aurait-il ajouté.
L’exclusion de l’UDI en question
La publication des propos de Gilles Bourdouleix citant Hitler a été accueillie par une avalanche de condamnations. Le préfet du Maine-et-Loire, à la demande du ministre de l'Intérieur, va saisir le procureur de la République pour apologie de crime contre l'Humanité après les propos polémiques de Gilles Bourdouleix. "La justice appréciera les suites pénales à réserver à ces propos", annonce le communiqué de la préfecture.
Jean-Louis Borloo a assuré lundi en début d’après-midi avoir "saisi le comité exécutif de l’UDI pour les suites inévitables à donner". "Quelques soient les provocations bien réelles et inacceptables dont a été victime le député-maire de Cholet, rien ne justifie pour autant les propos qui auraient été apparemment tenus par ce dernier […]", a poursuivi l’ancien ministre de l’Écologie.
Sur Twitter, le député et secrétaire général de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde, a estimé que "la seule sanction possible [était] l’exclusion de l’UDI". Une demande appuyée par Yves Jégo, délégué général du parti centriste : "Les propos rapportés par 'Le Courrier de l'Ouest' sont ignobles et inacceptables. L'exclusion de l'UDI de leur auteur doit être immédiate".
"Un habitué de ce genre de propos"
À Cholet, le chef de l’opposition, Gildas Guguen (PS), contacté par FRANCE 24, ne s’étonne plus des dérapages verbaux du maire de la ville. "Il a fallu qu’il aille encore plus loin que d’habitude pour que les médias nationaux s’y intéressent. Gilles Bourdouleix est un habitué de ce genre de propos", rapporte le conseiller municipal, évoquant “une fuite en avant”.
"Sous ce mandat [maire de Cholet depuis 1995, Gilles Bourdouleix a été réélu pour un troisième mandat en 2008, NDLR], c’est une spirale infernale, on a l’impression qu’il n’a plus aucun garde-fou", poursuit l’élu socialiste, qui déplore des conséquences désastreuses pour l’image de la ville. "Les problématiques liées aux gens du voyage sont compliquées, c’est un fait, mais la manière qu’il a de les traiter n’est pas digne d’un représentant de la République."

Les propos tenus par le maire de Cholet interviennent quelques semaines après une violente charge du maire de Nice, Christian Estrosi, contre les gens du voyage. Interrogé début juillet sur Europe 1, ce dernier proposait un "mode d’emploi" aux maires des communes confrontés à l’installation de caravanes sur leur territoire. Une semaine auparavant, l’ancien numéro un du Front national Jean-Marie Le Pen avait qualifié "d’urticante et d’odorante" la présence des Roms.