Un grand musée d’Afrique devrait voir le jour en 2016 sur la baie d’Alger. Le projet, lancé par l’Union africaine, a franchi une première étape : le cabinet d’architecture vient d’être choisi.
Sur la baie d’Alger, le long de la quatre voie surnommée "la Moutonnière" qui mène du centre ville à l’aéroport, face à la mer, sera édifié le Grand musée d’Afrique. Né en 2005 lors du sommet de l’Union africaine, le projet commence à prendre forme - sur le papier du moins. Les plans d’architecte ont été choisis et le cabinet Readymade de Nadir Tazdaït a remporté le concours.
Il s’agira d’un édifice de 15 000 mètres carrés, à Oued el Harrach, dans un quartier en pleine reconstruction, près de la future Grande Mosquée d’Alger. Au bout d’une promenade le long de la mer sera érigé ce bâtiment, au milieu d’un jardin de 14 hectares. Les travaux doivent se terminer en mai 2014 avec pour objectif une ouverture en 2016. Coût de l’opération, supporté en totalité par le ministère de la culture algérien : 60 millions d’euros.
Le musée mettra en avant cinq grandes périodes :
- Les grands bouleversements climatiques de 10 000 à 5 000 av. J.-C. et l’art pariétal (art réalisé sur les parois des grottes) en Algérie, au Mali, en Afrique du Sud et en Namibie.
- Les civilisations de 3000 av. à 1000 ap. J.-C. avec les contributions des musées du Caire, de Khartoum et de Lagos, un éclairage sur les coptes et les débuts de l’Éthiopie chrétienne à Axoum, ainsi que lles pierres levées et sculptées au Sénégal et en Gambie.
- Les développements de 1000 à 1500 ap. J.-C. : l’ancienne cité du Grand Zimbabwe, l’extraction et le commerce de l’or, les premiers contacts arabo-africains et avec l’Asie, les grandes routes transsahariennes et l’épopée des Tellem et des Touareg, le rayonnement de Tombouctou, où est installé la première université du monde.
- Les traites orientales et occidentales et les récits d’installation de 1500 à 1890
- Les artistes modernes et contemporains face à l’Histoire de 1900 à aujourd’hui.
"Ce ne sera pas un deuxième Quai Branly", explique d’emblée le maître d'ouvrage, Abdelhalim Seray, directeur général de l’Agence de réalisation des grands projets culturels, organe qui dépend du ministère de la Culture algérien. "Nous ne visons pas de construire un musée d’ethnologie africaine, mais plutôt un lieu où se mêle histoire de l’art et créativité contemporaine", ajoute-t-il.
Ouvert à l’art vivant
Inutile, en effet, de chercher à rivaliser avec les grands musées africains d’Europe : les anciens pays colonisateurs se sont dotés depuis longtemps des plus belles œuvres africaines. Le restant a été disséminé dans le circuit des collectionneurs privés, quand il n’a pas simplement disparu dans le trafic illicite de biens africains.
"Le projet est plus large : les pays africains se sont engagés à fournir des œuvres au musée, et comptent sur l’application de la règle édictée récemment par l’Unesco : tous les objets archéologiques trouvés en Afrique doivent rester en Afrique et sont interdits à la vente. Ces œuvres devraient en partie atterrir dans ce musée", précise l'architecte d'origine algérienne, Nadir Tazdaït. Le budget de la collection et du fonctionnement est en cours de négociation.
L’idée est de compter sur les ressources des musées de l’Union africaine pour offrir un lieu où pourront être exposées des œuvres de grande taille - "quand 90% des collections africaines sont de petite taille", note Nadir Tazdaït. Et pourquoi pas, nouer des partenariats, que ce soit avec les musées de Berlin, de Londres, de New York ou de Paris, qui compte 30 000 pièces exposables.
Mais le lieu se voudrait aussi tourné vers le présent : dans les plans d’architecture sont prévus une salle de spectacle et de projection, et des lieux ouverts pour accueillir de la musique et de la danse. Sur le papier donc, le lieu doit vivre, respirer, danser. Le grand musée d’Afrique voit large. Rendez-vous en 2016.