Le Parlement grec vient d'adopter une loi réformant en profondeur la fonction publique et la fiscalité, sous la pression des créanciers publics de la Grèce. Le pays devrait ainsi percevoir une nouvelle tranche d'aide de 6,8 milliards d'euros.
Pressé par l’Union européenne (UE) et le Fonds monétaire international (FMI), le Parlement grec a approuvé dans la nuit de mercredi à jeudi un projet de loi réformant drastiquement la fiscalité et la fonction publique.
La loi, très contestée, a été adoptée par 153 voix sur 300. Son vote devrait permettre à Athènes de s’assurer le versement des 6,8 milliards d’euros de la nouvelle tranche d’aide, récemment validé par l’UE et le FMI.
Les deux créanciers publics de la Grèce exigeaient depuis longtemps un allègement du coût de la fonction publique dans le pays. Ils seront servis : la loi prévoit un salaire revu à la baisse pendant huit mois pour certains officiers de la police municipale, des enseignants et gardiens d’école. Les personnes concernées se verront, à l’issue des huit mois, contraints d’accepter une réaffectation, sous peine de licenciement. La mesure concerne 4 200 employés de la fonction publique.
Le plan de restructuration de la fonction publique s'ajoute à un cortège de coupes salariales et hausses d'impôts que subit le pays depuis trois ans, alors que le chômage culmine à 27%.
"Ce n'est rien de moins qu’un sacrifice humain", a fustigé le leader l’opposition radicale, Alexis Tsipras. Mardi, quelque 15 000 personnes ont manifesté devant le Parlement contre ce plan de redéploiement de la fonction publique. Ils étaient encore 4 000 à être mobilisés mercredi soir.
La promesse de jours meilleurs
Le Premier ministre conservateur Antonis Samaras a quant à lui défendu son texte en promettant des "jours meilleurs" aux Grecs, pour le moins désabusés après les plusieurs années d’un régime sec censé redresser l’économie, mais dont les bénéfices restent aujourd’hui très mitigés.
Le chef du gouvernement de coalition s’est par ailleurs félicité d’être parvenu à obtenir l’accord de la Troïka sur un abaissement – provisoire – de 10 points de TVA sur la restauration. Le 1er août, les taxes appliquées aux restaurants seront ainsi revues à 13% contre 23% auparavant.
La mesure, ardemment souhaitée, par la profession, est "provisoire et à l'essai", a prévenu le Premier ministre. "Si l'évasion fiscale continue, et si rien ne se passe [sur les prix dans les restaurants, NDLR], la TVA sera remontée à 23%" a-t-il averti.
La loi fraîchement votée comporte aussi un nouveau code des impôts, qui simplifie la "mosaïque d'arrangements" fondée sur un code vieux de 60 ans, a indiqué le secrétaire d'Etat aux Finances George Mavraganis.
Le vote de cette loi intervient à la veille de la visite du ministre allemand des Finances Wolfgang Schauble dans le pays. Considéré comme l'un des principaux artisans de la politique de rigueur, le gouvernement allemand a mauvaise presse en Grèce, et la visite du ministre des Finances s’annonce délicate. Les autorités grecques ont à ce titre interdit les manifestations dans une partie du centre ville et dans un large périmètre autour du Parlement.
Avec dépêches