Un an après le succès des Jeux paralympiques à Londres, les Championnats du monde d'athlétisme handisport débutent vendredi à Lyon. Les athlètes français espèrent briller devant leur public et profiter de cet engouement exceptionnel pour leur sport.
La flamme des Jeux paralympiques s’est éteinte il y a un peu moins d’un an à Londres, mais dans l’esprit de Marie-Amélie Le Fur, les images du stade sont encore bien présentes. Médaillée d’or sur le 100m, d’argent sur le 200 m et de bronze en saut en longueur, cette athlète française handisport a vécu une compétition de rêve. Une réussite sportive, mais aussi une communion intense avec les spectateurs.
"On s’attendait à voir un stade assez rempli. On sait que depuis les Jeux de 2008, l’handisport commence à plaire, mais on ne s’attendait pas à un tel engouement du public, à cette recherche de performances, à cette proximité et surtout au fait que cet élan dure toute une année", explique la jeune femme de 24 ans, amputée de la jambe gauche à l’adolescence après un accident de scooter.
Inconnue du grand public avant cette compétition internationale, cette athlète est devenue une icône de l’handisport. Alors que les Championnats du monde d’athlétisme débutent vendredi à Lyon (du 19 au 28 juillet), Marie-Amélie Le Fur, désormais capitaine de l’Equipe de France, souhaite revivre les mêmes émotions : "On surfe sur la vague médiatique de l’handisport. On espère que grâce à l’engouement de Londres, le public va répondre présent".
Son compatriote et coéquipier, Arnaud Assoumani est lui aussi optimiste. Alors que les Jeux paralympiques de Londres avaient été privés de diffusion sur les chaînes françaises l’été dernier, les Mondiaux auront leur place sur le petit écran. "Pour la première fois, il va y avoir deux heures de direct par jour sur la chaîne France 4. C’est une grande avancée. Les médias ont enfin compris que c’était populaire. Les gens sont demandeurs et c’est ce qui a fait bouger France Télévisions", constate avec joie le champion paralympique du saut en longueur à Pékin en 2008 et vice-champion à Londres, connu pour sa prothèse aux couleurs d’un frelon.
Changer l’image du handicap
Pour Marie-Amélie Le Fur, ce succès s’explique avant tout par un nouveau regard porté sur les athlètes handicapés. "Les gens ont compris qu’ils ne pratiquaient pas un sous-sport. C’est vraiment un sport de haut niveau avec une préparation complète. On a un seul but, c’est la recherche de performance", raconte la coureuse qui s’entraîne quotidiennement. "Mais il faudrait quand même que les mentalités sur le handicap évoluent encore. Qu’on en est de moins en moins peur et qu’on puisse en parler sans tabou".
Son partenaire au sein de l’équipe tricolore fait le même constat. Selon Arnaud Assoumani, qui s’entraîne depuis le début de l’année aux États-Unis, la France a beaucoup de retard : "Il faut moins parler du côté négatif du handicap et ne plus le voir comme une fatalité. Moi ce que je fais c’est du sport. Je suis né sans avant-bras, mais pour moi ce n’est même pas un handicap".
Pour casser cette image, ces deux sportifs ont ainsi récemment participé à une campagne publicitaire d’un tout nouveau genre. Pour le meeting international d’athlétisme handisport organisé en mai dernier à Saint-Denis, ils ont posé à la manière de super-héros. "C’est un peu une image choc pour montrer que le handicap n’est pas une faiblesse et qu’on peut même en faire une force", décrit la sportive.
Aussi déterminés que des personnages dotés de super pouvoirs, la sprinteuse et le sauteur ont de grandes ambitions pour les Mondiaux. Marie-Amélie Le Fur veut conserver ses titres sur 100 et 200m, tandis qu’Arnaud Assoumani souhaite effacer sa déconvenue de Londres et redevenir le numéro un du saut en longueur. Devant leur public, ils seront sans aucun doute les athlètes à suivre.
Même si la star mondiale du handisport, Oscar Pistorius, a déclaré forfait suite à ses démêlées judiciaires, la compétition s’annonce tout aussi passionnante que lors des Jeux paralympiques. "Le niveau augmente dans toutes les catégories. C’est de plus en plus serré. Il y a eu Oscar, mais il y en a beaucoup d’autres", note ainsi Arnaud. "Pour les connaisseurs du handisport, il n’y a pas que Pistorius. Pour nous, le sport continue. Il y a autant de héros que de personnes qui participent", conclut également sa camarade.