
Embourbé dans un vaste scandale de corruption présumée, le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy a fait savoir qu'il ne démissionnerait pas comme l'opposition le réclame. Le chef du gouvernement dénonce un "chantage".
Le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy, englué dans un scandale de corruption présumée, a affirmé lundi qu'il ne démissionnerait pas, malgré les appels réitérés de l'opposition.
Le chef du gouvernement espagnol a dénoncé un "chantage" contre l'État de droit. "J'accomplirai le mandat que m'ont donné les Espagnols", a-t-il déclaré devant la presse, assurant que "l'État de droit ne se soumet pas au chantage" et que la justice poursuivrait son travail "sans aucune pression".
Le Premier ministre conservateur faisait ces déclarations au moment où Luis Barcenas, l'ancien trésorier de son parti, le Parti populaire (PP), était entendu par un juge d'instruction et devait faire de nouvelles révélations sur l'affaire de comptabilité présumée occulte au sein de ce parti.
Échanges de SMS avec Luis Barcenas
Ces derniers jours, le scandale qui a éclaté en janvier a rebondi, se rapprochant dangereusement de Mariano Rajoy, président depuis 2004 du PP et qui fut un proche de Luis Barcenas, l'un des hommes forts du parti pendant deux décennies, connu pour
itson goût du luxe et de l'argent.
Le 9 juillet, El Mundo, un journal devenu très critique envers l'actuel gouvernement, publiait des documents manuscrits prouvant, selon lui, que Mariano Rajoy, Premier ministre depuis la fin 2011, avait perçu des salaires illégaux en 1997, 1998 et 1999, alors qu'il était ministre dans le gouvernement de José Maria Aznar.
Puis dimanche, nouveau coup dur pour la droite espagnole : le journal publiait le contenu de plusieurs échanges de SMS attribués à Mariano Rajoy et Luis Barcenas, montrant, d'après le quotidien, que le chef du gouvernement a demandé à l'ex-trésorier qu'"il nie l'existence de la comptabilité occulte et les compléments de salaires".
"Mariano Rajoy a maintenu un contact direct et permanent" avec Luis Barcenas au moins jusqu'en mars 2013, lorsque le scandale sur un possible financement illégal du parti avait déjà éclaté, poursuivait le journal.À la suite de ces révélations, l'opposition socialiste avait réclamé dimanche la démission de Mariano Rajoy, chef du gouvernement depuis la fin 2011 et président du PP depuis 2004.
"Luis, je comprends, sois fort. Je t'appelle demain. Je t'embrasse", dit l'un des messages attribués à Mariano Rajoy et daté du 18 janvier, le jour où El Mundo a fait éclater le scandale en révélant que des dirigeants du PP avaient reçu pendant vingt ans des salaires non déclarés.
Le chef du gouvernement, fort d'une confortable majorité absolue au Parlement, avait déjà, en février, nié avoir touché de l'argent au noir.
"Notes de Barcenas"
Le nom de Mariano Rajoy était apparu pour la première fois le 31 janvier dans El Pais, l'autre grand quotidien espagnol, de centre gauche, qui publiait alors des copies de notes manuscrites supposées provenir de documents comptables établis par Luis Barcenas, intendant du Parti populaire de 1990 à 2008, puis son trésorier jusqu'en 2009.
Mariano Rajoy était alors présenté comme ayant perçu, entre 1997 et 2008, "des paiements pour un montant total de 25 200 euros par an", provenant de dons d'entreprises privées.
Vite devenus célèbres sous le nom des "notes de Barcenas", ces documents avaient créé le scandale dans un pays aux 27% de chômeurs, où la multiplication des affaires de corruption mine la crédibilité des hommes politiques.
Le juge Ruz, qui enquête parallèlement sur "l'affaire Gürtel", un réseau de corruption présumée qui empoisonne depuis 2009 la droite espagnole, a finalement envoyé Luis Barcenas en prison le 27 juin, notamment pour délits fiscaux présumés et blanchiment d'argent.
La justice évoquait un risque de fuite après avoir découvert que l'ancien trésorier avait détenu deux comptes en Suisse, l'un doté de 25 millions d'euros et l'autre de 22 millions, ainsi que d'autres comptes en Uruguay et aux États-Unis.
Avec dépêches