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Meurtre de Trayvon Martin : l’État fédéral poursuit son enquête

George Zimmerman, acquitté samedi pour le meurtre du jeune noir Trayvon Martin en février 2012, n’en a pas terminé avec la justice. Il reste en effet ciblé par une enquête menée par le département de la Justice de l’État fédéral.

"Stand your ground", une loi controversée

La loi "Stand your ground" ("Défends ton terrain"), sur la base de laquelle George Zimmerman a été acquitté, a été adoptée en 2005 en Floride, sous l’impulsion de la National Rifle Association (NRA), le très puissant lobby américain des armes.

Elle permet d’éviter les poursuites contre toute personne ayant fait usage de son arme si elle a estimé sur le moment "que pour n’importe quelle raison, une telle force a été nécessaire pour se protéger elle-même ou d’autres personnes d’une mort imminente ou de blessures graves".

La loi introduit le concept d’"homicide justifiable" : en cas de légitime défense, l’individu ne fera l’objet d’aucune enquête pénale ou civile.

Bien que très contestée, la loi "Stand your ground" est en vigueur dans 25 des 50 États américains. La Floride est le premier État à avoir étendu l’application de cette loi aux espaces publics.

George Zimmerman a été acquitté, samedi 13 juillet, par un tribunal de Floride du meurtre de Trayvon Martin, un Noir de 17 ans tué par balle en 2012. Mais l’homme de 29 ans, de père blanc et de mère d’origine péruvienne, n’en a pour autant pas fini avec la justice. Dimanche, le ministère de la Justice a rappelé dans un communiqué, qu’une enquête fédérale était en cours sur une éventuelle violation, par George Zimmerman, des droits civiques. "Des procureurs fédéraux expérimentés détermineront si les preuves révèlent une violation des lois fédérales pénales sur les droits civiques, passible de poursuites", a-t-il déclaré.

"La division des droits civils du département de la Justice, le Bureau du procureur américain pour le district de la Floride, et le Bureau fédéral d’investigation (FBI) continuent d’évaluer les preuves produites au cours de l'enquête fédérale, ainsi que les preuves et les témoignages apportés pendant le procès qui s’est tenu dans l'État de Floride", a détaillé le ministère, indiquant ses préoccupations.

"Le droit de vivre a été violé"

Benjamin Todd Jealous, le président de la National Association for the Advancement of Coloured People (NAACP), une association de défense des droits des personnes de couleur, a maintenu la pression sur le département de la Justice pour qu’il continue de mener des investigations. Dimanche matin, au lendemain de l’acquittement de George Zimmerman, il a posté une pétition sur le site MoveOn.org adressé au procureur général des États-Unis Eric Holder. "Le plus fondamental des droits civiques – le droit de vivre – a été violé le soir où George Zimmerman a traqué, puis tué Trayvon Martin", a-t-il écrit sur le texte de sa pétition. Lundi matin, heure de Paris, elle avait récolté 216 000 signatures.

L’affaire remonte au 26 février 2012. George Zimmerman, qui effectuait une ronde de surveillance bénévole de nuit dans son quartier, avait tiré sur Trayvon Martin après une altercation, le prenant pour un cambrioleur. L’adolescent noir se rendait en réalité chez son père et ne portait pas d’arme. La remise en liberté du tireur, quelques jours plus tard, avait provoqué des manifestations monstres dans le pays, réveillant des inquiétudes d’ordre raciales aux États-Unis, les associations de défense des droits civiques estimant notamment que l'adolescent avait été victime d'un délit de faciès. Le président américain Barack Obama avait lui-même provoqué une polémique en faisant part de son émotion et en affirmant : "Si j’avais eu un fils, il aurait sûrement ressemblé à Trayvon".

"Un problème racial et un problème avec les armes"

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"Barack Obama n'aurait rien à gagner à pousser à la vengeance"
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L’acquittement, samedi, de George Zimmerman a suscité une onde de choc à travers le pays. Pour les faits dont il était accusé, il était passible d’une condamnation à la prison à vie s’il était jugé coupable de meurtre, ou d’une condamnation à une peine maximale de 30 ans de prison, si le chef d’homicide involontaire était retenu. Finalement, le jury composé de six femmes a estimé que George Zimmerman avait agi en légitime défense, conformément à une loi adoptée en 2005 en Floride, permettant à quiconque de se défendre, voire de tuer, s'il se sent menacé par une personne détenant ou non une arme.

"Nous avons un gros problème racial, et nous avons un autre problème avec les armes à feu", a estimé Rodney Rodriguez, l’un des organisateurs d’une manifestation de protestation à New York dimanche, cité par l'AFP. "Si Zimmerman n'avait pas eu d'arme, il n'aurait pas pu tuer Trayvon Martin". La veille, dès l'annonce du verdict, des marches spontanées ont également eu lieu à San Francisco, Chicago, Washington, Atlanta et Philadelphie.

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Colère dans les rues américaines après l'acquittement de George Zimmerman
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"Je sais que cette affaire a suscité des passions intenses. Au lendemain du verdict, je sais que ces passions pourraient s'intensifier. Mais nous sommes un État de droit, et un jury a parlé", a déclaré Barack Obama dans un communiqué publié dimanche, avant d’ajouter : "Je demande maintenant à tous les Américains de respecter les appels à la réflexion dans le calme lancés par deux parents qui ont perdu leur jeune fils".