![Au Caire, les pro-Morsi réclament le retour de leur "président" Au Caire, les pro-Morsi réclament le retour de leur "président"](/data/posts/2022/07/18/1658149005_Au-Caire-les-pro-Morsi-reclament-le-retour-de-leur-president.jpg)
Plus d'une semaine après la destitution du président Morsi, ses partisans ne baissent pas les armes. Plusieurs dizaines de milliers d'entre eux ont manifesté leur soutien à l’ancien chef d'État islamiste lors de ce premier vendredi de jeûne.
Plusieurs dizaines milliers de manifestants se sont rassemblés en ce premier vendredi du mois sacré de ramadan pour exiger le retour de "leur président", Mohammed Morsi. Rassemblés devant la mosquée Rabaa al-Adawiya, dans le quartier de Nasr City, les protestataires, drapeau égyptien dans une main, Coran dans l’autre, ont réitéré leur allégeance au président déchu. Le crépuscule a été marqué par des prières et la rupture du jeûne en présence de nombreuses familles.
"Nous allons poursuivre la résistance. Nous resterons un mois, deux mois, et même un an ou deux s'il le faut", a lancé à la foule un haut responsable islamiste, Safwat Hegazi. "Je veux que mes droits et mon président reviennent et que ceux qui sont tombés ne soient pas morts pour rien", confie l’un des protestataires à FRANCE 24. "Le président Morsi reste le président légitime, le docteur Mohamed Morsi est le président de la République", ajoute le jeune homme indigné.
Sur l’emblématique place Tahrir, des manifestants hostiles à l’ancien président se sont également retrouvés par centaines après une journée calme.
Morsi se trouve "en lieu sûr"
Plus d'une semaine après le renversement par l'armée de Mohamed Morsi, à la suite de manifestations massives, les deux camps restent mobilisés. Le nouveau pouvoir égyptien, resté sourd aux demandes des pro-Morsi, a assuré que l’ex-président se trouvait "en lieu sûr" et était "traité dignement". Mais il n'est pas apparu en public depuis son arrestation, après sa destitution le 3 juillet, et Washington, un important soutien financier du Caire, a réclamé sa libération.
Le président déchu serait détenu dans les locaux de la Garde républicaine au Caire, devant lesquels une cinquantaine de partisans des Frères musulmans ont été tués lundi à l'aube. Une centaine de personnes ont perdu la vie depuis que l'ex-chef de l'État, accusé d'avoir trahi la révolution, de mauvaise gestion et de ne servir que les intérêts de sa confrérie, a été déposé, le 3 juillet.
La défiance des islamistes à l'égard des nouvelles autorités a été renforcée mercredi par le lancement d'un nouveau mandat d'arrêt contre le Guide suprême des Frères musulmans, Mohamed Badie, et d'autres responsables de la confrérie, recherchés pour incitation à la violence en lien avec les graves incidents de lundi.
Le défi du nouveau gouvernement
Sur le terrain politique, la tâche du nouveau chef du gouvernement s'annonce ardue. Dans un entretien à l'AFP, Hazem El-Beblaoui a affirmé ne pas exclure une participation des Frères musulmans, dont est issu Mohamed Morsi, au gouvernement qu'il s'efforce de former. "Jusque-là je n'ai contacté personne", a relevé par téléphone Hazem El-Beblaoui, expliquant vouloir identifier les meilleurs candidats sur "deux critères": "l'efficacité et la crédibilité". "Je ne me préoccupe pas de l'appartenance politique", a encore assuré cet ancien vice-Premier ministre et ministre des Finances de la première période de transition en 2011.
Il a relayé l'offre déjà évoquée par la présidence intérimaire: si "quelqu'un est proposé par le Parti de la liberté et de la justice (PLJ, bras politique des Frères musulmans) et que cette personne est qualifiée", sa nomination pourra être envisagée.
Cette tentative de main tendue a toutefois été rejetée dès mercredi par la confrérie, qui a écarté toute possibilité de pactiser "avec des putschistes". "Nous continuerons notre protestation pacifique jusqu'à la fin du coup militaire et le retour à la légitimité", a ainsi commenté jeudi sur Internet le porte-parole des Frères musulmans, Ahmed Aref.
Avec dépêches