Alors que le Premier ministre Hazem el-Beblaoui a entamé mercredi des consultations en vue de former un gouvernement, le parquet a ordonné l'arrestation de Mohamed Badie, le Guide suprême des Frères musulmans.
Le procureur général égyptien a ordonné mercredi 10 juillet l'arrestation du Guide suprême des Frères musulmans, Mohamed Badie, dans le cadre des violences qui ont fait plus de 50 morts lundi 8 juillet, selon des sources judiciaires.
Quelque 200 personnes ont été inculpées mercredi par la justice égyptienne, notamment pour "meurtre" et "incitation à la violence", à la suite des affrontements ayant fait plus de 50 morts lors d'une manifestation islamiste lundi au Caire, a indiqué à l'AFP une source judiciaire.
Ces accusés seront maintenus en détention préventive durant les 15 prochains jours, pendant la poursuite de l'enquête, a-t-on précisé de même source. Ils sont également poursuivis pour "port d'armes non autorisées" et "troubles à l'ordre public et à la sécurité".
D'autres responsables de la confrérie font l'objet de mandats d'arrêt, selon l’agence de presse Mena. C'est le cas de Mahmoud Ezzat, adjoint de Mohamed Badie, ou encore d'Essam el Erian et de Mohamed el Beltagi, responsables de l'aile politique du mouvement.
Le président déchu Mohamed Morsi se trouve, pour sa part, "en lieu sûr" et il ne fait "pour l'heure l'objet d'aucune poursuite" judiciaire, a assuré un porte-parole du ministère égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty. Et d'ajouter : "Mohamed Morsi se trouve en lieu sûr, pour son propre bien, et il est traité dignement".
Une transition politique difficile
Dans la même journée, le nouveau Premier ministre égyptien, Hazem el-Beblaoui, a entamé des consultations pour former un gouvernement dans un climat de méfiance des laïcs anti-Morsi et d'hostilité des partisans de l'ex-président islamiste.
Après avoir été rejeté, le plan de transition, qui prévoit des pouvoirs étendus pour le nouveau président par intérim et un calendrier pour la tenue de législatives d'ici à 2014, le Front de salut national (FSN), principale coalition libérale égyptienne, a fait savoir, via un communiqué, qu'il demandait des modifications.
De leur côté, les Frères musulmans sont toujours opposés à la "déclaration constitutionnelle" du président par intérim, Adly Mansour. "Un décret constitutionnel par un homme nommé par des putschistes [...] ramène le pays à la case départ", a déclaré Essam al-Erian sur son compte Facebook.
Le mouvement Tamarrod, à l'origine des manifestations de masse, a lui aussi regretté de ne pas avoir été consulté pour l'élaboration du plan de transition et proposé des amendements.
Le nouveau Premier ministre a reconnu qu'il serait difficile de faire l'unanimité."Évidemment, nous respectons l'opinion publique et nous essayons de nous conformer aux attentes, mais il y a toujours un moment où il faut choisir. Il n'y pas qu'une possibilité. On ne peut pas satisfaire tout le monde", a-t-il déclaré à l’agence Reuters.
itLes Frères musulmans refusent de participer au gouvernement
Mardi 9 juillet, un porte-parole de la présidence, Ahmed al-Muslimani, avait annoncé que "quelques postes au gouvernement seront offerts au Parti de la liberté et de la justice" (PLJ), le bras politique des Frères musulmans.
Mais la confrérie a fait savoir qu'elle refusera de participer au gouvernement, comme l'a confirmé l'un de ses porte-parole, Mohamed Soudane, sur l'antenne arabe de FRANCE 24. "Nous nous opposons depuis le début à ce qui se passe en Égypte", a-t-il avancé.
"Comment voulez-vous que nous acceptions de participer au gouvernement de transition ? […] Ce serait participer à un crime", a-t-il poursuivi. "Les Égyptiens versent leur sang tous les jours, nous devons être loyaux envers eux […] La situation en Égypte est aujourd’hui pire que celle qui prévalait avant la révolution du 25 janvier 2011", a-t-il conclu.
Avec dépêches