
Dans la revue de presse internationale, ce matin, des analyses sur la crise égyptienne, les méthodes des services secrets français et l’étymologie des noms de nos pays.
- La crise égyptienne n'échappe à aucun journal ce vendredi. Dans le International Herald Tribune, Ben Hubbard fait une analyse intéressante de la situation. Il explique qu’en prenant le contrôle, les militaires ont "avant tout voulu assurer leur place et leurs privilèges".
Car ces privilèges sont immenses, explique le journaliste. Les généraux vivent dans d’immenses appartments, ils ont leurs propres hotels, leurs propres hopitaux ou parc. Et cela depuis plus de 60 ans.
Lorsque la révolution a éclaté en 2011, poursuit-il, les militaires ont fini par lacher Hosni Moubarak, qui était pourtant l’un d’eux. Mais ils ont commis une erreur, selon l'éditorialiste : garder le pouvoir pendant 1 an. Une année pendant laquelle ils ont dû faire face à des critiques. On pouvait notamment entendre place Tahrir des manifestants crier "A bas l’armée".
A cette époque, ils étaient pressés de céder le pouvoir. Ils ont accepté l’arrivée des Frères musulmans à la condition qu’ils ne touchent pas au budget de l'armée et surtout que la Constitution empêche le Parlement de jeter un œil dans leurs petites affaires.
Ces derniers temps pourtant, Mohamed Morsi devenait génant. Il aurait notamment pris un certain nombre de décisions dangereuses pour la sécurité nationale, selon l’armée. Par exemple le soutien à la rébellion syrienne face à Bachar al-Assad. Les militaires n’ont pas voulu être associé à cette politique et ont préféré suivre le peuple et destituer le président.
Mais cette fois-ci, ils se gardent bien de reprendre les rennes du pays, commente Ben Hubbard. Ils ont immédiatement nommé un président par interim, chargé de nommer un gouvernement de technocrates : la peur, sûrment d’être critiqué à nouveau, conclut-il.
- Il y a tout un débat, dans la presse, sur la dénomination de l'action de l'armée. "Pour la première fois de l’histoire, un coup d’Etat n’est pas un coup d’Etat", écrit de manière très ironique Robert Frisk dans The Independent...
Il y a là tous les élements pour qualifier l'action de l'armée de coup d'Etat, poursuit l’éditorialiste du quotidien britannique : un président démocratiquement élu déchu, jeté en prison, la chasse à ses partisans… Et pourtant, aucun dirigeant occidental n’a critiqué cette prise de pouvoir illégale. Et notamment pas Barack Obama.
Le problème, c’est que si le président américain avait critiqué l’action de l’armée, il aurait été forcé d’en tirer des conséquences, et d’imposer des sanctions, estime l'éditorialiste. Or, justement, c’est ce qu’il ne veut pas. Finalement, le coup d’Etat l’arrange bien. Parce que les Etats Unis n’étaient peut-être pas très rassurés à l’idée d’accorder l’aide militaire d’un milliard et demi de dollars à l’Egypte, suggère le quotidien britannique.
Oui et il n’y a pas que les Etats Unis qui soient rassurés par ce coup d’Etat qui ne porte pas son nom. Les investisseurs aussi. C’est ce qu’on apprend en lisant le Wall Street Journal qui titre : le "changement est bon pour la confiance". Les marchés égyptiens ont pris plus de 7% jeudi. "Leur réponse est claire", écrit le journal.
Il cite notamment un investisseur qui explique que le gouvernement précédent, celui des Frères musulmans, n’avait "aucune expérience dans la gestion des affaires. Ils ne savaient pas comment pacifier les relations avec le monde économique et politique".
Depuis mercredi, c’est tout l’inverse. Les pays arabes, et notamment l’Arabie saoudite, les Emirats arabes Unis et même le Qatar (qui avait pourtant soutenu les Frères musulmans), tous se sont empressés de féliciter l’Egypte pour cette transition.
De quoi laisser espérer au prochain gouvernement de technocrates un afflux d’investissements dans le pays, rongé par la crise économique, conclut le quotidien.
- Un autre sujet également évoqué dans la presse internationale, ce sont les méthodes des services secrets français, qui ressemblent à celles des services américains..
C’est le Monde qui révélait hier après midi que nos SMS, email, ou relevés téléphoniques étaient stockés et parfois analysés par la DGSE.
"La France aussi écoute", titre la Frankfurter allgemeine Zeitung qui nous apprend que le ministère de l’Intérieur français a refusé une demande d’asyle de l’américain Edward Snowden. Peut-être pour ne pas trop attirer les projecteurs sur notre pays et les méthodes de nos services secrets, suggère le quotidien allemand.
"Scandaleux", titre en français, l’édition britannique du Huffington Post.
- En Belgique, tout le pays s’intéresse à la succession du roi, avec ce profil du future souverain. Le Soir explique que jamais dans l’histoire de la Belgique, quelqu’un n’aura aussi bien été préparé à devenir roi. Philippe montera sur le trône le 21 juillet prochain.
Nous suivrons cela bien évidemment sur France 24.