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Un chef shebab se livre aux autorités pour échapper à des combats internes

Le cheick Hassan Dahir Aweys, un des chefs du groupe islamiste radical shebab opposé au gouvernement somalien, se serait rendu mercredi. Il était en fuite pour éviter un affrontement avec un autre clan du mouvement.

C’est l’une des figures historiques des insurgés islamistes somaliens shebab : le cheick Hassan Dahir Aweys (en photo) aurait été "capturé" mercredi 26 juin vers 3 heures du matin, heure locale, dans la province de l’Himan et Heeb. Selon les premières informations, il se serait en fait rendu aux autorités locales de cette région réputée pour être un repaire de pirates spécialisés dans les enlèvements, et qui échappe au contrôle de Mogadiscio. Des négociations avec le gouvernement fédéral seraient d’ailleurs en cours en vue du transfèrement d’Aweys pour Mogadiscio.

Plus qu’une véritable reddition, c’est davantage un refuge que cherchait le chef islamiste, qui ne serait, semble-t-il, pas retenu contre sa volonté. Selon Mohamed Omar Hagafey, porte-parole des autorités de l’Himan et Heeb, "il semble qu’il ait échappé à une attaque des Shebab". Selon des sources sécuritaires, des combats auraient opposé deux clans des Shebab autour du 20 juin à Barawe (sud) : les loyalistes à Ahmed Abdi Godane, chef suprême du mouvement, et les combattants du cheick Aweys. Ce dernier avait rejoint les rangs des Shebab fin 2010 après que son mouvement Hizbul Islam avait essuyé une défaite contre ces derniers.

Guerre des clans au sein des Shebab

Les divergences idéologiques se sont multipliées au sein des Shebab, notamment depuis l’allégeance du mouvement à Al-Qaïda annoncée en mai 2010 par la direction du mouvement somalien et confirmée par le chef du réseau djihadiste, Ayman al-Zawahiri, en février 2012. Aweys et d’autres responsables des Shebab – comme le cheick Mukhtar Robow – s’opposent à Ahmed Abdi Godane qu’ils accusent entre autres de monopoliser le djihad et de mondialiser le conflit somalien.

Mardi 25 juin, les Shebab avaient, de leur côté, envoyé un message sur les forums d’information djihadistes indiquant que de hauts responsables du groupe se livraient illégalement à une propagande irresponsable contre le mouvement islamiste, pointant ainsi du doigt sans le nommer Aweys et ses soutiens. Le communiqué les accusait – d'employer des tactiques malveillantes pour saper les valeurs et les principes du mouvement : "Ils répandent de fausses informations, pour tromper les djihadistes." Il précisait également que Cheick Aweys avait disparu d’une maison à Barawe, sans préciser depuis quand.

Quasi octogénaire, selon les sources, Aweys est plus une figure politique et spirituelle qu'un chef militaire. Son départ est peu susceptible d'avoir un réel impact sur la capacité opérationnelle du mouvement. Chassés en août 2011 de Mogadiscio par les forces de l'Union africaine, les islamistes contrôlent toujours des régions entières du sud et du centre de la Somalie. Ils privilégient désormais les actions de guérilla, comme l'attaque contre le complexe de l'ONU à Mogadiscio le 19 juin, qui a coûté la vie à neuf personnes dont 6 employés des Nations unies.

Avec dépêches