Le vaste plan présenté mardi par le président américain pour lutter contre le réchauffement climatique a été accueilli favorablement. Les groupes de défense de l'environnement le juge crédible mais préviennent que la bataille est loin d'être gagnée.
Le discours de Barack Obama sur le réchauffement climatique, prononcé mardi 25 juin à l'université de Georgetown à Washington D.C., a marqué les esprits. Sa volonté de s'attaquer aux émissions de gaz à effet de serre produites par les centrales au charbon a été vivement saluée par les spécialistes de l'environnement.
Il s'agit "du meilleur speech sur le climat jamais prononcé par un président", a réagi l'ancien vice-président Al Gore. Alors que les États-Unis sont régulièrement critiqués pour leur inaction dans ce domaine, Barack Obama a insisté sur l'importance d'"agir". "La [question du] changement climatique ne peut pas être résolue par une seule nation. La communauté mondiale doit passer à la vitesse supérieure. Je soulève la question partout où je voyage, à chaque réunion", a-t-il déclaré, mardi.
Réduire de 17% les émissions de gaz à effet de serre
Sur son blog, Al Gore, le co-lauréat du prix Nobel de la Paix 2007 pour son engagement dans la lutte contre le réchauffement, s'est notamment réjoui de la décision de limiter la pollution carbonique de toutes les centrales électriques. Barack Obama a notamment demandé à l'Agence de protection de l'environnement (EPA) de proposer des normes réglementant le dioxyde de carbone (CO2) des centrales au charbon -qui fournissent encore plus de 37% de l'électricité du pays- d'ici juin 2014 et de les finaliser en 2015. Ce plan d'action devrait permettre aux États-Unis d'atteindre l'engagement du président datant de 2009 de réduire, d'ici 2020, les émissions de gaz à effet de serre de 17% par rapport à leur niveau de 2005.
Le plan vert d'Obama a également reçu un accueil favorable en Europe. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso a dit "salue[r] l'effort renouvelé du président pour s'attaquer au changement climatique", tout en parlant d'"une avancée positive". Avec les annonces faites par le président Obama, "nous allons aider le monde à croire qu'il est possible de lutter (contre le réchauffement climatique, ndlr), si nous le faisons ensemble", a poursuivi le président de l'exécutif européen.
"Crédible... mais difficile à mettre en place"
La stratégie verte de l'administration américaine a été jugée "crédible" par Eileen Clausen présidente du Center for Climate and Energy Solutions, une ancienne de l'Administration Clinton, interrogée par l'AFP. Mais, a-t-elle ajouté, "mettre en œuvre ce programme va être extrêmement difficile... et requérra un plein engagement présidentiel pour traduire les bonnes intentions en mesures concrètes".
Le principal obstacle pour Obama sera de finaliser, avant la fin de son mandat début 2017, des normes fédérales forçant les centrales électriques au charbon à réduire leurs émissions de CO2. "Ces mesures ne seront pas soumises au Congrès, ce qui devrait en faciliter la mise en place", note sur FRANCE 24 Thomas Spencer, chercheur au Climat et économie de l'énergie (Iddri). Un projet de loi prévoyant la création d'un marché d'émissions de CO2 (Cap and trade) qui aurait pénalisé les plus gros pollueurs, avait été rejeté par le sénat américain, à majorité démocrate, en 2010.
Greenpeace appelle Obama à tenir ses promesses sur l'oléoduc Keystone
Plus réservée, l'association environnementale Greenpeace a appelé Obama à tenir ses "promesses" en "refusant" la construction de l'oléoduc géant Keystone XL, du Canada au Texas. Le locataire de la Maison Blanche a déclaré mardi qu'il ne donnerait son feu vert à ce projet que s'il n'engendrait pas une hausse des émissions de gaz carbonique qui contribuent au réchauffement climatique. Keystone XL fait controverse notamment pour le coût environnemental des sables bitumineux, un pétrole non-conventionnel extrait dans l'ouest canadien.
Or, remarque Greenpeace, "l'industrie et le gouvernement canadien ont affirmé que le projet Keystone est une pièce clé dans l'expansion des sables bitumineux, ce qui produirait aussi une hausse des émissions de CO2". "Tenez vos promesses et dites non au projet Keystone XL ; nos enfants le méritent", a conclu l'organisation en s'adressant à Obama.
Pour sa part, l'opposition républicaine a accusé Obama d'avoir "déclaré la guerre au charbon" en imposant des réglementations coûteuses et fixant des objectifs environnementaux irréalistes aux opérateurs des centrales électriques.
Avec dépêches