Après avoir pris le contrôle du QG d'Ahmad al-Assir après 24 heures de combats, l'armée traque désormais le cheikh salafiste qui a pris la fuite. La justice a également lancé des poursuites contre 123 de ses partisans.
L'armée traquait mardi 25 juin le cheikh radical sunnite Ahmad al-Assir, qui a pris la fuite après la prise la veille de son quartier général près de Saïda, dans le sud du Liban, à l'issue de combats au cours desquels 17 soldats ont été tués. "L'armée libanaise, ainsi que tous les autres services de sécurité, sont à la recherche d'Assir et de 123 de ses partisans contre lesquels des mandats d'arrêt ont été délivrés par le tribunal militaire", a affirmé à l'AFP un haut gradé de l'armée.
Selon un responsable au sein des services de sécurité, les militaires et les renseignements travaillent sur plusieurs hypothèses pour retrouver le fuyard: il pourrait se trouver dans le camp palestinien d'Aïn Héloué - où des groupes extrémistes sont présents - ou en Syrie, ou encore, après s'être déguisé en femme, avoir rejoint Tripoli, dans le nord, où se trouve également un fief de sunnites radicaux.
Saïda, la capitale du sud du Liban, avait retrouvé son calme mardi après plus de 24 heures de combats. Les accrochages avaient éclaté dimanche, lorsque les partisans du cheikh Ahmad al-Assir ont attaqué un barrage de l'armée à Abra, dans le banlieue est de Saïda, avant de se retrancher dans leur QG, la mosquée où le cheikh dirigeait la prière, et les immeubles environnants.
L'armée, qui avait promis d'"en finir" avec le cheikh Assir et de rétablir la sécurité à Saïda, a repris le secteur lundi soir, après des affrontements à la mitrailleuse et à la roquette.
Le bilan des morts du côté des insurgés n'est pas précis. "Nous avons découvert dans le quartier les corps de beaucoup d'hommes armés et nous avons aussi procédé à de nombreuses arrestations", a affirmé un officier sur place. Une source hospitalière a fait état d'une centaine de blessés. De son côté, une source proche du cheikh a fait état d'au moins cinq morts et 10 blessés parmi ses partisans. Le gouvernement a annoncé une journée de deuil national mardi pour les soldats tués.
Des hommes politiques sunnites appellent l'armée à agir de façon juste
Encore inconnu il y a deux ans, le cheikh Ahmad al-Assir doit sa notoriété à son discours résolument hostile au Hezbollah chiite, engagé aux côtés du régime syrien face aux rebelles, en majorité sunnites. Controversé en raison de sa rhétorique violente et sectaire, il a su jouer sur la frustration des sunnites du Liban qui voient d'un mauvais œil la puissance armée du Hezbollah, mais sans toutefois recevoir l'appui de la majorité de sa communauté.
Même s'ils ne soutiennent pas le cheikh en fuite, certains politiciens sunnites ont toutefois appelé lundi l'armée à agir de facon "juste", affirmant clairement que si l'objectif était de désarmer les groupes armés, il falllait qu'il le soient tous, y compris le Hezbollah.
La loi "doit s'appliquer de la même façon pour tous les Libanais. Les institutions de l'État sont responsables de tous les Libanais (...) sans distinction", expliquent-ils dans un texte rendu public après une rencontre entre le chef du gouvernement Najib Mikati, le Premier ministre élu Tammam Salam, et les anciens chefs de gouvernement Salim al-Hoss, Omar Karame et Saad Hariri.
Les détracteurs du Hezbollah lui reprochent d'utiliser l'arsenal, dont il dit avoir besoin afin de combattre Israël, pour contrôler la vie politique libanaise.
Avec dépêches