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Combats meurtriers entre l'armée et des sunnites radicaux à Saïda

Au moins 12 soldats ont été tués dans des combats opposant l'armée aux partisans du cheikh salafiste Ahmad al-Assir dans la ville de Saïda (sud). Il s'agit de l'incident le plus grave au Liban depuis le début du conflit syrien.

Depuis dimanche 23 juin, des affrontements liés au conflit syrien opposent les forces libanaises et des miliciens sunnites à Saïda, au sud du Liban. Au moins 12 militaires ont péri dans ces combats entre l'armée et les partisans du cheikh radical Ahmad al-Assir. Les violences ont commencé par des échanges de tirs à un barrage de l’armée à Abra, où des partisans du cheikh ont ouvert le feu sur des militaires. Il s'agit de l'incident le plus grave au Liban depuis le début du conflit en Syrie, qui divise profondément le pays entre partisans, en majorité chiites, et opposants, en majorité sunnites, du régime syrien.

Au centre de ce dernier incident meurtrier, le cheikh Ahmad al-Assir, un parfait inconnu

il y a deux ans qui doit sa notoriété à son discours résolument hostile au Hezbollah chiite, engagé aux côtés du régime syrien face aux rebelles, en majorité sunnites. Controversé en raison de sa rhétorique violente et sectaire, il a su jouer sur la frustration des sunnites du Liban qui voient d'un mauvais œil la puissance armée du Hezbollah, mais sans toutefois recevoir l'appui de la majorité de sa communauté.

Il s'en est pris récemment très violemment à l'armée, l'accusant de faire le jeu du parti chiite en restant les bras croisés face à son implication en Syrie.

"Jusqu'à la dernière goutte de sang"

La justice a lancé lundi 24 juin des poursuites contre le cheikh Assir et 123 de ses partisans alors que ceux-ci sont pour l'instant retranchés à l'intérieur d'une mosquée de l'est de Saïda. "Il y a une décision d'en finir avec nous mais nous résistons jusqu'à maintenant, a affirmé à l'AFP le frère du cheikh, Amjad Assir. Cheikh Assir restera dans la mosquée Bilal ben Rabah jusqu'à la dernière goutte de sang."

Dans un communiqué, l'armée a appelé les partisans du cheikh à se rendre et promis d'"en finir" avec leur leader "jusqu'au retour de la sécurité dans la ville" de Saïda. La veille, elle avait prévenu qu'elle allait "frapper d'une main de fer tous ceux qui ont voulu répandre le sang de l'armée". Dans un communiqué diffusé dimanche, l'état-major explique que "l'armée s'efforce depuis des mois de tenir le Liban à distance des problèmes de la Syrie et a refusé, comme on lui demandait à plusieurs reprises, de réprimer les activités du groupe de cheikh Ahmed al-Assir". "Mais, ce qui s'est produit aujourd'hui (dimanche) dépasse tout ce à quoi on pouvait s'attendre. L'armée a été attaquée de sang-froid dans une tentative d'allumer la mèche à Saïda, comme en 1975", ajoute-t-elle, évoquant le début de la guerre civile libanaise.

Les violences liées au conflit syrien, qui oppose le clan alaouite du président Bachar al-Assad à des rebelles principalement sunnites, se multiplient au Liban depuis l'intervention militaire du Hezbollah aux côtés des forces gouvernementales. Et l'incident de Saïda fait craindre un dérapage général dans le pays. D'autres heurts ont d'ailleurs eu lieu récemment dans la plaine de la Bekaa, où sunnites et chiites cohabitent. À Tripoli, théâtre des premiers débordements du conflit syrien dans le nord du Liban, des hommes masqués et armés ont coupé la circulation sur les grands axes routiers pour exprimer leur solidarité au cheikh Assir.

Beyrouth prône officiellement une politique de neutralité face au conflit syrien, mais celle-ci est mise à mal notamment depuis la participation du Hezbollah dans les combats en Syrie.

Avec dépêches