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Législatives albanaises sous haute tension, un mort et trois blessés près de Tirana

Alors que l'Albanie vote pour élire son Parlement, un militant de l'opposition a été abattu dimanche près d'un bureau de vote, situé à 40 kilomètres de Tirana, la capitale. Un incident qui témoigne de la vive tension qui règne dans le pays.

Les Albanais votent dimanche 23 juin pour renouveler leur Parlement dans un climat de vive tension. Un militant de l'opposition de gauche a été tué par balle dans la matinée près d'un bureau de vote à Laç, à 40 km au nord de Tirana, la capitale. Trois autres personnes, dont un candidat du parti de droite au pouvoir du Premier ministre sortant, Sali Berisha, ont été blessées dans cet incident.

Le chef de l'opposition, Edi Rama, qui s'est aussitôt rendu sur place, a dénoncé "un grave incident politique […] visant à intimider les électeurs".

Après avoir voté à Tirana, sans commenter l'incident de Laç, Sali Berisha a dit vouloir "assurer les citoyens que leurs voix seront respectées" et a qualifié d'"inacceptable, toute forme d'intimidation".

Les premiers résultats, qui ne seront pas connus avant lundi, risquent d'être contestés, comme à chaque élection en Albanie depuis la chute du communisme en 1990. Une situation qui empêcherait une nouvelle fois ce pays parmi les plus pauvres d'Europe de décrocher le précieux statut de candidat à une entrée dans l'Union européenne (UE).

Bruxelles attentif au résultat

Ces élections sont surveillées de près par Bruxelles qui a déjà, à deux reprises, refusé d'octroyer le statut de candidat à l'adhésion à l'UE à ce pays où les résultats des élections ont été systématiquement contestés.

À la suite de ces différends entre le pouvoir de droite et l'opposition de gauche, trois des sept membres de la Commission électorale centrale (CEC) ont démissionné en avril, laissant la Commission sans la majorité nécessaire de cinq voix pour proclamer les résultats du scrutin.

"J'encourage les dirigeants politiques à éviter toute action qui pourrait avoir un impact négatif à moyen et long terme sur le développement de l'Albanie, en échange de gains politiques à court terme", a exhorté le chef de la mission de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) à Tirana, Eugen Wollfarth.

Climat de méfiance réciproque

Le climat de suspicion entretenu entre les deux principaux rivaux - une coalition de droite formée autour de Sali Berisha et une autre de l'opposition menée par Edi Rama - , ne date pas d’hier.

Lors des précédentes législatives de juin 2009, l'opposition socialiste avait refusé de reconnaître les résultats du scrutin estimant qu'il avait été émaillé d'irrégularités. La méfiance règne depuis entre le pouvoir et l'opposition qui avait finalement accepté de siéger au Parlement.

Dans ce pays de 2,8 millions d'habitants où les sondages d'opinion sont peu crédibles, les deux camps ont assuré leurs sympathisants de remporter ce scrutin.

Durant la campagne, Sali Berisha, 69 ans, qui domine le paysage politique depuis plus de 20 ans, s'est employé à séduire les électeurs en promettant une augmentation de 6 % des salaires et des retraites.

Aujourd’hui, le chômage touche 14 % de la population, mais selon l'opposition le taux est supérieur à 40 % dans les régions les plus déshéritées du nord du pays.

La dette de l'Albanie atteint 62 % du PIB et la croissance économique en 2012 n'a été que de 1,5 %.

Avec dépêches