Depuis le début du scandale du programme de surveillance Prism de la NSA, les grands noms du web impliqués dans cette affaire multiplient les initiatives pour rassurer leurs utilisateurs sur le devenir de leurs données personnelles.
Ce sont probablement elles qui ont le plus à perdre dans le scandale Prism. Les grandes stars du web - Google, Apple, Facebook, etc. - entraînées dans le scandale du vaste programme d’écoutes et de collecte d’informations de la NSA (Agence nationale de sécurité) multiplient les initiatives depuis 10 jours pour ne pas paraître complices des espions américains.
Elles vont même bien plus loin que les autorités américaines dans leurs entreprises d’explications ou de justifications. Le président Barack Obama s’est contenté de défendre, lundi 17 juin, un dispositif qu'il estime utile pour lutter contre le terrorisme et qui, selon lui, ne poserait pas de risques pour la vie privée des citoyens américains. La NSA a, le lendemain, souligné que son programme de surveillance avait permis "d'empêcher plus de 50 attaques terroristes depuis le 11 septembre 2001".
Pour les géants du web, cette affaire touche à leur trésor de guerre économique : les données personnelles de leurs millions d’utilisateurs. Les neufs groupes cités dans les documents internes de la NSA se sont d'abord défendus en affirmant qu'ils n'étaient pas au courant de l’existence du programme Prism. Des arguments qu'ils n'ont pas estimés suffisants.
Grand déballage
Il en fallait plus pour prouver qu’ils placent l’intégrité et la protection de ces données sensibles au dessus de tout. Microsoft, Facebook, Yahoo et même le très secret Apple ont, ces derniers jours, franchi un nouveau pas. Tour à tour, ils ont révélé le nombre de demandes émanant des autorités américaines pour avoir accès aux données personnelles d’utilisateurs de leurs services. Microsoft aurait ainsi reçu depuis décembre 2012 entre 6 000 et 7 000 demandes, Apple entre 8 000 et 9 000 demandes, Yahoo jusqu’à 13 000. Enfin, entre 9 000 et 10 000 demandes ont été envoyées par les autorités américaines à Facebook au cours des six derniers mois de 2012.
Mais ces données ne couvrent pas seulement la curiosité de la NSA dans le cadre du programme Prism. Il peut, en effet, s’agir tout aussi bien d’actes de procédure lors d’une enquête criminelle ou, comme le souligne Apple, des forces de police qui voudraient avoir un accès aux données de personnes disparues qui seraient “atteintes de la maladie d’Alzheimer”.
Au final, ce grand déballage de chiffres n’en dit en fait pas beaucoup plus sur l’ampleur de la cybersurveillance à la sauce Prism. Les groupes tech concernés assurent en être les premiers désolés. Vu la nature strictement secrète des demandes envoyées par la NSA, ils n’auraient pas le droit de les dissocier des autres requêtes. Marissa Meyer, PDG de Yahoo affirme, dans un billet de blog publié le 17 juin, souhaiter être encore plus précise et “presse le gouvernement à reconsidérer sa position” sur l’interdiction de publier le détails des requêtes de la NSA.
Tout à leur nouveau souci de transparence, Yahoo et Facebook ont poussé le bouchon jusqu’à annoncer qu’ils allaient dorénavant publier un rapport biannuel sur le nombre de requêtes d’autorités américaines pour avoir accès à des données personnelles. Ils rejoignent ainsi Google et Twitter qui ont déjà mis en place ce genre de publication, et ce depuis plusieurs années.