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Affrontements à Strasbourg à la veille du sommet de l'Otan

À la veille des célébrations du 60e anniversaire de l'Alliance transtlantique à Strasbourg, des militants anti-Otan se sont heurtés aux forces de l'ordre. Des centaines de manifestants ont été interpellés.

AFP - De violentes échauffourées ont opposé à plusieurs reprises jeudi après-midi et jusque dans la soirée des centaines de militants d'extrême-gauche aux forces de l'ordre, à la veille de l'ouverture du sommet de l'Otan à Strasbourg.

Une centaine de manifestants ont été interpellés, a indiqué la police. Certains étaient armés de piquets de bois, et d'importants dégâts de mobilier urbain sont à déplorer, a-t-elle ajouté.

Sur le lieu des affrontements, une dizaine d'abribus ont été cassés et quelques poubelles ont été incendiées, a constaté un journaliste de l'AFP.

Un photographe allemand de l'agence ddp a été blessé d'une balle en caoutchouc dans le ventre, a-t-on appris auprès de son employeur.

Les violences ont débuté vers 15H30. Plusieurs centaines de manifestants (5 à 600 selon la police, environ 2.000 selon le collectif "antirépression") ont quitté leur campement au sud de la ville pour aller manifester.

Le collectif "Résistance des deux rives", qui organise le campement, a expliqué dans un communiqué sur internet que la manifestation survenait "par solidarité" avec les manifestants contre le G20 à Londres.

Les manifestants ont été enflammés par une rumeur selon laquelle la mort d'un homme mercredi à Londres pendant les manifestations n'était pas due à une crise cardiaque, comme indiqué par les autorités britanniques. Le collectif a estimé que sa mort était "une conséquence des terribles méthodes de la police", sans plus de précision.

Parmi les manifestants à Strasbourg, certains grimés en clowns narguaient pacifiquement la police. D'autres, vêtus de noir et masqués pour la plupart, avaient érigé une barricade avant d'être chargés par la police. Celle-ci a fait usage de gaz lacrymogènes.

Le calme est revenu dans la soirée, les manifestants restants ayant été dispersés et refoulés vers le campement autogéré qui leur a été attribué au sud de la ville, selon la police.

"Mais des dérapages d'un côté comme de l'autre sont à craindre, la tension est montée d'un cran sur le camp", a commenté un des porte-parole du mouvement anti-Otan, qui n'a pas voulu donner son nom de famille.

Aux frontières, les policiers se livraient à des contrôles massifs à la veille du sommet de l'Otan.

Le président d'un syndicat de la police allemande (DPolG), Rainer Wendt, a estimé que les incidents du G20 à Londres n'étaient qu'un "avant-goût de ce qui nous attend au sommet de l'Otan", dans un entretien au quotidien Neue Osnabrücker Zeitung.

Par ailleurs, à 60 km environ de Strasbourg, une centaine de manifestants se sont rassemblés jeudi en fin d'après-midi au centre de Baden-Baden, la petite ville thermale allemande où les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Otan doivent se retrouver vendredi soir autour d'un dîner de gala.

Porteurs de banderoles proclamant "Non à l'Otan", "60 ans d'Otan, 60 ans de guerre", ou "Un autre monde est possible", les militants ont scandé des slogans pacifistes sous le regard bon enfant de très nombreux policiers, dans une ville placée elle aussi sous haute sécurité.

Une grande manifestation devait avoir lieu vendredi à Baden-Baden, où la police attend, selon un porte-parole, "des milliers de participants, dont 2.000 à 3.000 prêts à la violence".

"En principe, de nombreux manifestants vont venir de Strasbourg, où ils sont installés dans les +camps+, mais beaucoup vont sans doute renoncer à venir à Baden-Baden de peur de ne pas pouvoir ensuite franchir les barrages pour retourner manifester en France", a expliqué à l'AFP Maximilian Schneider, l'un des porte-parole du "Collectif anti-Otan" de Baden-Baden.

Le sommet de l'Otan réunira vendredi et samedi à Strasbourg, Kehl et Baden-Baden, 28 chefs d'Etat et de gouvernement de l'alliance militaire. Une grande manifestation anti-Otan est prévue samedi à Strasbourg.