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Damas et Moscou ironisent sur les accusations de Washington concernant l'usage d'armes chimiques par le régime syrien. La Russie compare ces informations aux mensonges américains concernant les armes de destruction massive de Saddam Hussein.

La Russie, principal soutien de Damas, a réagi, vendredi 14 juin, aux accusations des États-Unis sur le recours aux armes chimiques par le régime de Bachar al-Assad. Moscou estime que les déclarations de Washington ne sont "pas convaincantes" et que la promesse d’une aide accrue aux rebelles syriens compromet les efforts de paix. Le régime syrien a aussitot emboîté le pas en qualifiant de "mensonges" les accusations des Etats-Unis ."La Maison Blanche a fait publier un communiqué truffé de mensonges sur le recours aux armes chimiques en Syrie, en se basant sur des informations fabriquées à travers lesquelles elle a tenté de faire assumer au gouvernement syrien la responsabilité d'un tel usage", a indiqué un responsable des Affaires étrangères.

Moscou met en garde contre une zone d'exclusion aérienne en Syrie

Imposer une zone d'exclusion aérienne en Syrie serait une "violation du droit international", a déclaré samedi le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov.

Le ministre des Affaires étrangères a fait référence aux informations qui circulent dans la presse occidentale "sur le fait qu'il serait sérieusement envisagé d'imposer une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Syrie grâce au déploiement de missiles anti-aériens Patriot et de chasseurs F-16 en Jordanie". Cette option a toutefois été rejetée vendredi par la Maison Blanche.

En décidant d'armer les rebelles syriens, les États-Unis ont démontré qu'ils pratiquaient une politique du "deux poids, deux mesures" en matière de lutte antiterroriste, a pour sa part estimé le ministère syrien des Affaires étrangères.

Du côté du Kremlin, on s'inquiète en revanche de l’usage de gaz sarin par les rebelles. La diplomatie russe rappelle que le 6 mai, Carla del Ponte, membre de la commission d'enquête de l'ONU sur les violations des droits de l'Homme en Syrie, avait affirmé qu'ils en avaient employé.

"Obama emprunte la même voie que George Bush"

Le président de la commission des Affaires étrangères de la Douma, Alexeï Pouchkov, a de plus comparé les conclusions occidentales sur l'arsenal chimique syrien aux accusations portées en 2002 par l'administration de l'ancien président George W. Bush sur les prétendues armes de destruction massive du gouvernement de Saddam Hussein, en Irak. "Les informations sur l'utilisation par Assad d'armes chimiques sont des faux du même ordre que les mensonges concernant les armes de destruction massive de Saddam", a commenté ce député proche du Kremlin. "Obama emprunte la même voie que George Bush", a-t-il ajouté sur son compte Twitter.

Le conseiller du Kremlin, Iouri Ouchakov, a par ailleurs estimé que la décision américaine d'accroître son aide aux rebelles compliquerait les efforts pour mettre fin au conflit qui a fait plus de 93 000 morts selon un nouveau bilan de l'ONU. "Si les Américains décident vraiment et réellement de fournir une aide plus importante aux rebelles, une aide à l'opposition, cela compliquera la préparation d'une conférence internationale" pour trouver une solution politique au conflit, a-t-il dit. Les États-Unis n'ont toutefois pas, à ce stade, annoncé de décision d'armer les rebelles face au régime syrien, évoquant simplement une augmentation de l'aide non létale.

Avec dépêches