
Malgré les concessions du Premier ministre Erdogan qui s’est engagé à respecter la décision de la justice au sujet de l’aménagement du parc Gezi à Istanbul, des centaines de manifestants refusaient toujours de quitter les lieux vendredi soir.
Ignorant les appels au calme du Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, des centaines de manifestants occupaient toujours le parc Gezi à Istanbul vendredi 14 juin au soir. Plus tôt dans la journée, Recep Tayyip Erdogan les avait exhortés à se disperser, en échange de concessions annoncées dans la matinée. Le Premier ministre, qui avait jusqu'à présent affiché sa fermeté à l'égard de la contestation qui dure depuis deux semaines, s'est en effet engagé à ne pas poursuivre le projet de réaménagement du parc Gezi avant qu'un tribunal ne rende une décision à ce sujet.
"Jeunes gens, vous êtes restés assez longtemps [dans le parc] et vous avez fait passer votre message. Si votre message concerne le parc Gezi, c'est bon, il a été reçu", a lancé le chef du gouvernement aux occupants du parc. "Il n'y a pas de travaux en cours, pourquoi donc est-ce que vous restez ?", a-t-il ajouté.
Mais à la nuit tombée, les locataires du parc semblaient bien décidés à le contrarier. "Nous ne partirons pas. Pourquoi le ferions-nous au point où nous en sommes ?", demandait ainsi Mustafa, 43 ans. "Nous avons beaucoup souffert, il n'y a pas de retour en arrière possible", a-t-il ajouté en évoquant les manifestants blessés par la police.
Une note positive
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"Certains groupes proposent de ne garder qu'une seule tente au sein du parc"
Au sortir de leur première rencontre avec le Premier ministre, les porte-parole du collectif Solidarité Taksim ont pourtant exprimé, pour la première fois, un commentaire favorable. "La note positive de la nuit, ce sont les explications du Premier ministre disant que le projet ne sera pas poursuivi tant que la justice n'aura pas rendu sa décision finale", a relevé l'un d'eux, l'urbaniste Tayfun Kahraman.
"Nous attendrons la décision finale de la justice et quand ce sera fait, nous organiserons un vote public, et nous nous conformerons à ce qui en sortira", a répété Recep Tayyip Erdogan vendredi en fin de journée. "Que puis-je dire d'autre ?", a-t-il insisté. Le 31 mai, un tribunal administratif d'Istanbul saisi par les opposants au projet avait décidé de suspendre les travaux d'aménagement de cet espace vert. Le gouvernement avait immédiatement fait appel. La procédure devrait désormais prendre plusieurs mois.
Mais pour les centaines de manifestants qui continuent d’occuper le parc, il ne s’agit pas seulement d’un problème d’urbanisme. "Bien sûr, ça a commencé comme un combat écologiste, mais c'est bien plus qu'un parc, il s'agit de l'identité d'une nation", a témoigné Kivanch, un musicien de 39 ans. Réunis en assemblées générales pour débattre de la suite de leur mouvement, les manifestants doivent arrêter une position commune, mais celle-ci ne devrait pas être annoncée avant samedi 15 juin.
Le mouvement de contestation, qui s'est transformé en mobilisation antigouvernementale, est parti d'une intervention brutale des forces de l'ordre pour déloger des manifestants opposés à l'arrachage d'arbres dans le parc Gezi le 31 mai. Depuis, et malgré les mises en garde, les protestataires sont restés mobilisés, dénonçant le style autocratique de Recep Tayyip Erdogan au pouvoir depuis 10 ans.
Avec dépêches