Les inondations en Europe centrale ne faiblissent pas. L'Allemagne s'attend à une "catastrophe" avec la montée de l'Elbe, tandis que le pic de la crue du Danube est attendu dimanche après-midi dans la capitale Hongroise.
Pompiers, militaires et volontaires luttent par milliers dimanche en Allemagne contre la montée inexorable des eaux de l'Elbe, sans précédent dans le pays depuis 2002, alors que le pic de la crue du Danube est maintenant attendu à Budapest en fin d'après-midi.
L'attention se cristallise sur la ville de Magdebourg (Saxe-Anhalt, est), dont les abords sont noyés sous l'eau brune de l'Elbe, apportée depuis la République tchèque à la suite d'importantes précipitations la semaine dernière et dont le niveau a dépassé celui de la dernière grande inondations en 2001, avec 7,45 m dimanche, contre 2 m environ en temps normal.
Malgré les efforts pour la renforcer, une digue a cédé dimanche au sud de la ville, au confluent de l'Elbe et de la rivière Saale, a indiqué la cellule de crise locale, ce qui a entraîné l'évacuation d'urgence de 150 personnes restées sur place après une évacuation préventive.
Près de 3.000 habitants ont été évacués du quartier Rothensee à Magdebourg, où des centaines de soldats travaillaient à renforcer une digue protégeant une installation électrique cruciale pour empêcher de nouvelles coupures de courant dans la ville.
Le président allemand Joachim Gauck consacre sa journée de dimanche à une visite dans les villes touchées par les inondations en Saxe et en Saxe-Anhalt.
"On ne peut pas imaginer ce qu'il reste à surmonter", a déclaré à l'issue d'une messe à Halle (est) M. Gauck, faisant allusion aux travaux de nettoyage.
"Nous avons affaire à une catastrophe nationale", a déclaré au quotidien Leipziger Volkszeitung Gerda Hasselfeldt, députée du parti conservateur CSU de Bavière, une autre région durement touchée par les inondations.
Le gouvernement de la chancelière Angela Merkel préparait une réunion de crise avec les dirigeants des Länder pour discuter de la répartition des coûts des inondations, rapportait le Leipziger Volkszeitung.
Depuis une semaine, les intempéries et les inondations qui ont suivi ont fait au moins 18 morts, dont 10 en République tchèque.
Paradoxalement, le soleil brillait dimanche sur les zones inondées en Allemagne, obligeant les milliers de personnes affairées à remplir des sacs de sable à appliquer de la crème solaire et de la crème antimoustique.
Des voix se sont élevées pour critiquer les curieux qui gênent les travaux, un phénomène observé le long de l'Elbe et de ses affluents et "à prendre au sérieux", selon le président de l'association nationales des pompiers, Hans-Peter Kröger, cité par l'agence de presse allemande DPA.
"Des badauds bloquent avec leur voiture des voies d'accès et des dépôts, gênent les véhicules de secours, mettent en péril la sécurité des digues et se mettent eux-mêmes en danger", a-t-il expliqué.
Plus au sud, la situation est aussi très surveillée sur le Danube, dont le pic des eaux se trouve dimanche en Hongrie, après avoir touché la Bavière (sud de l'Allemagne), l'Autriche et la Slovaquie.
Le fleuve a atteint, dimanche à 08H00 GMT, un niveau record de 8,85 m à Budapest, où le pic de la crue est maintenant attendu pour dimanche en fin d'après-midi, vers 16H00 GMT, au lieu de lundi à l'aube comme initialement prévu. Les autorités prévoient un niveau record de 8,95 m, qui devrait durer jusqu'à 22H00 GMT.
Lors de la précédente crue importante en 2006, un niveau de 8,60 m avait été enregistré à Budapest.
"Le pic s'approche du coeur du pays, nous avons deux jours très importants devant nous", a déclaré dimanche matin le Premier ministre, Viktor Orban, à Esztergom (environ 50 km au nord-ouest de Budapest), où il a passé la nuit.
Les volontaires et le personnel anti-catastrophe étaient mobilisés dans l'ensemble du pays pour renforcer les digues, particulièrement en amont de Budapest, où tous les records de niveau de crue ont été dépassés samedi. Jusqu'à présent, les protections tiennent bon et la décrue a commencé dans la partie occidentale.
Au total, quelque 1.000 personnes ont été évacuées dans le pays, par mesure de précaution.
Trois villages -- Pilismarot, Dömös et Kisoroszi -- sont toujours isolés et sont approvisionnés par bateau. A Dömös, le village n'a cependant même pas repoussé les élections pour élire un nouveau maire.
La décrue à Budapest devrait durer 7 à 8 jours, les berges seront de nouveau praticables quand le niveau de l'eau sera redescendu à 6,50 m.
En Autriche, Slovaquie et République tchèque, le gros des inondations est passé et la situation se normalise. Les autorités restent cependant vigilantes, un nouveau front pluvieux étant prévu pour dimanche soir dans certaines régions.
"Le danger persiste même dans des régions déjà touchées par les inondations" où le sol est déjà gorgé d'eau et ne peut en absorber plus, a déclaré samedi le Premier ministre tchèque Petr Necas, à l'issue d'une réunion avec le comité de crise gérant les inondations.
AFP