Le jeune militant antifasciste Clément Méric est décédé jeudi, au lendemain de son agression par un groupe de skinheads, mercredi à Paris, qui l’avait laissé dans un état de mort cérébrale. Plusieurs suspects ont été interpellés.
En état de mort cérébrale depuis son agression, mercredi 5 juin, par un groupe de skinheads, Clément Méric, jeune étudiant à Sciences-Po et militant antifasciste, est décédé jeudi.
Sept personnes, "dont l'auteur probable" du coup porté à Clément Méric, ont été interpellées par les enquêteurs, a appris l’AFP de source policière. Les gardés à vue appartiennent à la mouvance de la droite la plus extrême, plusieurs étant proches du groupuscule des Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR) et du mouvement affilié de la Troisième Voie. Dans la matinée, le leader des JNR, Serge Ayoub, alias "Batskin", avait réfuté toute implication de son groupe.
Selon une source policière, les enquêteurs ont "rapidement disposé" de signalements précis et de photos des agresseurs présumés, qui "graviteraient pour certains" autour du "noyau dur" des Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR). Cette information "reste à affiner dans le temps de la garde à vue" et à "vérifier", a précisé la source.
L’agression du jeune homme par des skinheads a suscité de vives réactions de la part de nombreux responsables politiques. Plusieurs rassemblements ont par ailleurs été organisés ce jeudi dans la capitale.
Ayrault veut "tailler en pièces" les groupes d'extrême droite
Le président François Hollande a "condamné" jeudi "avec la plus grande fermeté l'agression" dont a été victime le jeune homme.
Jean-Marc Ayrault a pour sa part indiqué au Sénat qu'il souhaitait que le gouvernement, "de façon démocratique", trouve les moyens pour "mettre en pièces" les groupes d'extrême droite montrés du doigt après le coup porté à Clément Méric, mercredi à Paris.
Le président François Hollande a "condamné" jeudi "avec la plus grande fermeté l'agression" dont a été victime le jeune homme. Dans un communiqué, le chef de l'Etat a précisé avoir "donné des instructions les plus fermes pour que les auteurs de cet acte odieux puissent être interpellés dans les plus brefs délais".
itDe son côté, le ministre de l'Intérieur, qui s’est exprimé via un communiqué, a tout d’abord dit sa "totale détermination à éradiquer cette violence qui porte la marque de l'extrême droite et met gravement en danger notre pacte républicain". "Manuel Valls souhaite que les investigations, menées par les policiers du 1er district de police judiciaire sous l'autorité du procureur de la République, permettent d'interpeller dans les meilleurs délais les responsables de ces faits intolérables, afin qu'ils répondent de leurs actes devant la justice", selon la Place Beauvau.
Marine Le Pen, pour sa part, a nié tout lien que l’on pourrait établir entre l’agression et son parti. Le Front national n'a "aucun rapport" avec l'agression "épouvantable" de ce militant, a déclaré la chef du parti frontiste sur les ondes de RTL. Le président de l'UMP Jean-François Copé a également réagi en réclamant la dissolution des groupuscules "d'extrême droite comme d'extrême gauche" dont la "seule expression est la violence".
La gauche appelle à participer aux rassemblements
Plusieurs organisations ont appelé à des rassemblements jeudi à Paris, dont un à 18h30 place Saint-Michel. Les Jeunes du Parti de gauche ont annoncé sur leur compte Twitter et leur page Facebook un rassemblement à 12h00 devant Sciences Po Paris "pour rendre hommage à Clément, militant de Solidaires Étudiant-e-s et étudiant en première année" à l'IEP.
Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, a, de son côté, appelé jeudi les "démocrates" à manifester pour marquer la "résistance face aux exactions des groupes néofascistes", dont il demande la dissolution.
Les sympathisants du Parti socialiste pourraient bien grossir les rangs du cortège, organisé à l’origine par le Parti de gauche. Harlem Désir, premier secrétaire du PS, a
annoncé jeudi que son parti appelait également à participer au rassemblement prévu à 18h30 place Saint-Michel, à Paris.
À Sciences-Po, où étudiait la victime, le directeur Frédéric Mion a également indiqué qu'un "moment de recueillement silencieux" aurait lieu à 16 heures dans le jardin de l'école.
Retour sur les faits
Un militant d'extrême gauche a été violemment agressé mercredi 5 juin à Paris. Le jeune homme se trouvait jeudi matin en état de mort cérébrale. Selon une source policière, une vente privée de vêtements était organisée mercredi rue Caumartin (IXe arrondissement) à laquelle assistaient plusieurs personnes, des jeunes gens pour la plupart dont la victime qui était avec trois autres camarades. Trois jeunes gens "de type skinhead", dont une femme, sont arrivés sur les lieux et il y a eu invectives, bousculades et échanges de mots entre ces deux groupes de jeunes, selon les premiers éléments de l'enquête se basant pour l'heure sur de "nombreux témoignages directs".
Toujours selon les premiers éléments de l'enquête, les skinheads sont sortis et ont attendu "avec des renforts" dehors, devant le magasin, le groupe de quatre jeunes gens avec qui il y avait eu des échanges "très houleux". La victime "a été frappée par l'un des skins qui avait un poing américain et a chuté sur la chaussée en heurtant un plot au passage".
Avec dépêches