Les violents affrontements qui opposent manifestants et policiers à Istanbul ont été rapidement relayés sur les réseaux sociaux. Sur Twitter et Facebook, des milliers de personnes apportent leur soutien en postant des photos et des vidéos.
En réaction aux manifestations contre le projet de réaménagement urbain dans le centre d’Istanbul, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a assuré samedi 1er juin qu’il ne céderait pas.
Selon le chef du gouvernement, la construction de l'ensemble immobilier va se poursuivre comme prévue. Recep Tayyip Erdogan estime en effet que l’opposition des manifestants à ce projet n'est qu'une excuse pour alimenter des tensions.
Depuis l’arrivée des bulldozers le 27 mai dans le célèbre parc Gezi d’Istanbul, des manifestants se mobilisent pour protester contre le déracinement de plus de 600 arbres et la transformation de cet espace vert en un centre commercial. Au fil de la semaine, cette action locale a pris de plus en plus d’ampleur jusqu’aux affrontements violents des 31 mai et 1er juin. Le mouvement de contestation contre la destruction du parc a viré en protestation contre le gouvernement islamo-conservateur de Recep Tayyip Erdogan.
Le mouvement s'est rapidement propagé sur le Web et sur les réseaux sociaux. Depuis 24 heures, les messages consacrés aux manifestations sont parmi les plus populaires sur Twitter. Les hashtags #direngeziparkı et #occupygezi apparaissent parmi les dix premiers sujets les plus discutés sur le réseau social dans le monde, selon le site Statweestics.
Sur Facebook, Twitter et Tumblr
"Ne touchez pas à notre voisinage, à nos squares, nos arbres, notre eau, notre sol, nos maisons, nos villages, nos villes et nos parcs", s’indigne ainsi @StatikEstetiK, une internaute stambouliote. "Un autre jour, un autre combat. Faisons-le. Nous ne sommes pas fatigués comme vous bande de lâches. Nous ne nous rendrons pas", annonce pour sa part @ynrozturk au deuxième jour des affrontements.
Sur Twitter, les manifestants publient de nombreuses photos des heurts qui ont eu lieu avec la police. Ces clichés sont également regroupés sur la page Facebook du mouvement, mais aussi sur un Tumblr spécialement créé pour l’occasion. Une page Internet permet également de suivre en temps réel par vidéo les dernières images des rassemblements.
Comme l’expliquent de nombreux militants, cette mobilisation virtuelle permet de faire parler de leur cause à l’échelle mondiale. "Les médias turcs restent silencieux. Aidez-nous. Nous avons besoin d’une couverture télévisée", s’indigne @yolgezerestel, un habitant d’Istanbul, en envoyant un message aux rédactions internationales comme BBC, AP, Reuters ou encore CNN.
Le soutien d’Anonymous
S'ils reprochent aux médias turcs de ne pas couvrir ces événements, le mouvement "occupygezi" a obtenu un soutien mondial avec l’appui de la célèbre organisation de pirates informatiques Anonymous. Sur Twitter, les différents groupes de ce collectif "hacktiviste" relaient un peu partout dans le monde les dernières informations venues d’Istanbul.
Des membres d’Anonymous proposent également différentes formes d'aide aux manifestants turcs. "Pour nos amis d’Istanbul, voici un guide pour se protéger des gaz lacrymogènes", publie ainsi @AnonQC, un hacker québécois, tandis que @BondInNewYork leur assure qu’ils vont bénéficier d’un soutien électronique d’Anonymous pour continuer à communiquer durant les manifestations. Le collectif international a même publié une chanson de soutien. Ce titre inspiré par les affrontements du parc Gezi est une reprise du célèbre morceau "For What It's Worth" du groupe américain Buffalo Springfield.
Le mouvement de contestation a gagné d'autres villes de la Turquie, mais s'est aussi propagé à l'extérieur du pays. Des internautes ont ainsi publié de nombreuses photos d’encouragement depuis Paris, Londres ou encore Berlin.
Plusieurs actions de soutien sont également organisées dans de nombreux pays. Tandis qu’à New York un rassemblement est prévu samedi 1er juin à Union Square, à Paris une manifestation aura lieu mardi 4 juin à 18h30 à la Fontaine des Innocents, dans le quartier des Halles.