logo

Bachar al-Assad menace Israël d’ouvrir à nouveau le front du Golan

Le président syrien Bachar al-Assad a menacé Israël, jeudi 30 mai, de rouvrir le front du Golan. Le Hezbollah s'est déjà engagé à lui prêter main forte. Véritable menace ou simple rhétorique? Décryptage.

Assad cherche-t-il la guerre contre Israël ? C’est ce qu’a laissé entendre le président syrien, jeudi 30 mai, dans un entretien accordé à la chaîne du Hezbollah Al-Manar, lors duquel il est apparu détendu et confiant.

"Il y a une pression populaire claire pour ouvrir le front de résistance (contre Israël) au Golan (...) Il y a plusieurs facteurs, (dont) les agressions israéliennes répétées", a-t-il ainsi déclaré, faisant allusion aux raids israéliens sur des cibles militaires près de Damas ces derniers mois.

Assad se pose en résistant à Israël pour "réunir les Syriens derrière lui"

Israël et la Syrie sont théoriquement en état de guerre, mais il n’y a pas eu de

Les missiles sol-air russes S300 pourraient changer la donne

Si Damas recevait des missiles sol-air russes sophistiqués de type S300, cela pourrait augurer pour le Hezbollah un changement de donne dans le conflit qui l’oppose à Israël. C’est ce qu’a laissé entendre Hassan Nasrallah lors du discours du 9 mai en déclarant : "la Syrie va donner à la résistance de nouvelles armes qui sont capables de changer l'équilibre des forces dans la région".

La livraison de ces fameux missiles a été reconnue jeudi par Damas avant d’être démentie dès le lendemain par les autorités russes. Selon le chercheur Fabrice Balanche, "il est possible qu’il y ait eu un accord entre Poutine et Netanyahou lors de la récente visite de ce dernier à Moscou. La Russie a pu renoncer à livrer des missiles si l’État hébreu de son côté s’engageait à ne plus mener de raids sur Damas". "Les S300 ne changeraient rien dans le conflit qui oppose le régime syrien aux rebelles étant donné que ces derniers ne disposent d’aucun avion", explique-t-il. "Ils ne sont destinés qu’à contrer une attaque israélienne ou une éventuelle zone d’exclusion aérienne à l’initiative des Occidentaux".
 

confrontation directe entre les deux pays depuis 1967, date à laquelle l’État hébreu a annexé le plateau du Golan. Des incidents mineurs y ont eu lieu depuis le début du conflit en Syrie il y a un peu plus de deux ans. Des tirs en provenance de Syrie ont en effet à plusieurs reprises touché le Golan, poussant Israël à effectuer des tirs de sommation de l’autre côté de sa frontière.

Alors que les troupes loyalistes mènent une bataille acharnée contre les rebelles notamment dans la région stratégique de Qousseir, frontalière du Liban, Bachar al-Assad a de nouveau dénoncé le complot dont est victime la Syrie. Il est allé plus loin encore jeudi soir estimant qu’une "guerre mondiale" était "menée contre la Syrie" mais également contre "la politique de résistance". Une allusion claire à l’axe formé par le Hezbollah, la Syrie et l’Iran, ennemis d’Israël. Mais, a-t-il ajouté "nous sommes très confiants dans la victoire".

"Ce type de déclaration fait partie de la propagande du régime", estime Fabrice Balanche, spécialiste de la Syrie et directeur du Groupes de recherches et d’études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient (GREMMO). Il rappelle qu’Assad "a déjà utilisé la carte Golan en mai 2011 lorsqu’il avait envoyé de jeunes Palestiniens manifester dans la zone tampon". Une provocation qui avait eu l’effet escompté puisque des affrontements avaient éclaté avec les forces de l’ordre israéliennes faisant plusieurs dizaines de morts. En se posant en résistant à Israël, le président "veut réunir les Syriens derrière lui face à l’ennemi de toujours et ce à plus forte raison après les raids d’Israël en Syrie", explique le spécialiste. Assad n’a d’ailleurs pas manqué de prévenir que son régime allait "riposter à toute agression israélienne ".

Le Hezbollah prêt à soutenir la Syrie pour reconquérir le Golan

Le chef de l'État a par ailleurs reconnu pour la première fois que le puissant mouvement chiite Hezbollah combattait aux côtés de ses troupes dans la ville de Qousseir. Il a toutefois précisé que le Hezbollah ne participait pas aux combats pour "défendre l'État syrien" mais pour se protéger lui-même, les rebelles étant selon lui "à la solde d'Israël", ennemi juré du parti chiite.

Reste qu’il est difficile pour le régime syrien de se battre sur deux fronts, à l’intérieur dans les zones stratégiques du pays contre les rebelles et à l’extérieur d'autre part.  Mais Assad n’est pourtant pas le seul à évoquer une éventuelle reconquête du Golan ces derniers jours.

Dans un discours retransmis par vidéo le 9 mai dernier, le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah s’est ainsi engagé à soutenir Damas pour récupérer sa parcelle de terre. "Vous avez lancé une guerre contre la Syrie pour l'affaiblir, vous avez donc ouvert la voie à la création d'une résistance populaire pour la libération du Golan occupé, a-t-il encore déclaré. Puisque la Syrie est restée aux côtés du Liban durant la guerre, nous allons rester à ses côtés et lui fournir un soutien militaire et logistique pour libérer le Golan occupé", a martelé le leader chiite.

Selon Fabrice Balanche, "certains Libanais craignent que le Hezbollah ne déclenche une guerre avec Israël, car ce serait le meilleur moyen d’affaiblir l’opposition syrienne en la mettant face à ses contradictions". Et d’expliquer : "Les opposants seraient alors obligés de se prononcer sur le camp qu’ils soutiennent, Israël ou la Syrie".