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Les Chinois reconnaissent que le champagne ne peut être que français

Le célèbre vin mousseux français est devenu, lundi 27 mai, une appellation d'origine officiellement reconnue par Pékin. Victoire sur la contrefaçon, la mesure est aussi un signal envoyé aux États-Unis qui continuent d'usurper la marque.

C’est une victoire qui mérite bien une petite coupe. La Chine a officiellement reconnu, lundi 27 mai, l’appellation "champagne". À la suite de cette décision, les contrefaçons "made in China" du prestigieux vin français sont donc appelées à disparaître.

C’est du moins ce qu'espère le Comité interprofessionnel des vins de Champagne (CIVC), la principale organisation de défense de ce produit à travers le monde. “Cet enregistrement va permettre aux administrations compétentes de renforcer leur action contre les usages abusifs [du label "champagne", NDLR]”, s’est félicité, lundi 27 mai, Wang Wei, directrice du bureau chinois du CIVC. En clair : cette reconnaissance chinoise permet désormais au comité de saisir la justice de manière plus efficace afin de faire interdire la vente de produits abusivement étiquetés “champagne”.

En effet, au royaume des contrefaçons en tout genre, il ne s’agit pas seulement de vin mousseux. Des sodas, des bougies et mêmes des jouets pour chien sont ainsi vendus, actuellement, avec le label “champagne”. C’est dire si les défenseurs de ce pan du patrimoine français ont du pain sur la planche.

Cette victoire est d’autant plus précieuse que la Chine se montre parcimonieuse sur les marques d’alcool qu’elle reconnaît officiellement. Seules trois autres appellations d’origine - le Cognac, le whisky écossais et le vin de Napa Valley (Californie) - y sont protégées.

Un marché de 132 milliards de dollars

Mais Il ne s’agit pas seulement d'une chasse aux faux champagnes. La reconnaissance officielle du fameux nectar peut aussi lui permettre de gagner en notoriété sur “l’un de ses grands marchés d’avenir”, estime Jean-Luc Barbier, directeur général du CIVC.

Même si les Chinois préfèrent encore leurs alcools nationaux à base de céréales ou le cognac, très en vogue dans le pays, la croissance des ventes de champagne est, en effet, impressionnante en Chine. Deux millions de bouteilles y ont été vendues en 2012, contre 50 000 seulement en 2001. Rien que l’année dernière, les ventes ont progressé de 50 % dans l’ex-empire du Milieu, selon les chiffres du CIVC... Sur le gigantesque marché des spiritueux chinois, qui pèse 132 milliards de dollars selon la chaîne économique américaine Bloomberg, les producteurs de champagne pensent donc qu’il y a encore de la place pour les bulles françaises.

Le fait d’avoir fait plier le pays qui symbolise par excellence la contrefaçon est aussi un signal pour les récalcitrants. Le CIVC "souhaite que l’exemple de la Chine soit suivi par les États-Unis et la Russie qui persistent à appeler ‘champagne’ leur mousseux”, a ainsi posté sur Twitter, ce mardi 28 mai, le responsable du compte officiel du comité. Près de 50 % des vins mousseux vendus aux États-Unis sont appelés abusivement "champagne", souligne pour sa part Sam Heitner, directeur du bureau américain du CICV dans le Wall Street Journal. Un problème de taille pour les producteurs français car les États-Unis sont, après le Royaume-Uni, le deuxième pays d’importation du champagne alors que la Chine ne pointe, pour l’instant, qu’en douzième position.