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Alors que les Algériens attendent des nouvelles de leur président, Abdelaziz Bouteflika, hospitalisé en France depuis le 27 avril, la population tente de se mobiliser contre le chômage.

Nawfel et Amar sont amis, mais ils sont aussi liés par le chômage. L'un est avocat, lL'autre ingénieur agronome. Depuis quelques semaines, ils tentent de s'organiser pour mener une action commune pour lutter contre le chômage, dont le taux officiel ne dépasse pas les 10 % de la population active mais que les organisations syndicales estiment à plus de 30 %.

À Aïn Beïda, à 500 km d'Alger, Nawfel et Amar visitent une usine d'État sinistrée du secteur textile, fermée depuis les années 1990.

"Cette usine est fermée. Je la connais depuis mon enfance, affirme Nawfel Chekaoui. Elle faisait vivre toute une région. Des milliers de familles se nourrissaient grâce à elle. S'ils l'ouvrent de nouveau, il y aura beaucoup de boulot pour pleins de gens."

"Oui, c'est ce que je souhaite aussi", renchérit le gardien.

"Nous voulons faire entendre notre voix aux hauts responsables de ce pays, insiste encore Nawfel. Certains leur disent que les jeunes ne veulent pas travailler. S'ils nous ouvre une usine, je serai le premier a répondre présent", conclut-il.

"Nous n'avons aucune revendication politique"

Nawfel et Amar doivent se débrouiller seuls, sans moyens. Ils voudraient fédérer tous les chômeurs de la région.

"Nous n'avons aucune revendication politique, poursuit Amar Hamdi. Nous sommes des chômeurs, pas des handicapés. C'est cette idée erronée que je veux corriger. Nous voulons des emplois, pas des aides pour handicapés."

Dans une ambiance tendue, les deux jeunes chômeurs se font très vite repérer. La situation dégénère rapidement, même pour l'équipe de FRANCE 24.

"Prenez votre caméra et dégagez", lance un homme. "Vous êtes qui monsieur ? Présentez-vous", rétorque Adel Gastel, notre reporter. "Je n'ai pas à me présenter, partez ou je casse la caméra !, menace-t-il. Ceux qui viennent semer le désordre, on leur coupera la tête."

Une manifestation devait être organisée dans la ville. Elle a été annulée, face aux intimidations.