Alors que le gouvernement tente d’enrayer la crise, les politiques d'austérité frappent de plein fouet le secteur des transports. Un tiers des liaisons ferroviaires vont ainsi être supprimées avec pour but de réaliser plus de 86 millions d'économies.
L’Espagne a obtenu fin avril de la Commission européenne un délai de deux ans pour ramener son déficit à 3% du PIB. Pour arriver à cet objectif, le gouvernement applique des politiques d’austérité, notamment dans le secteur des transports. Alors que la compagnie aérienne Iberia est restructurée dans la douleur, le secteur ferroviaire est également profondément remanié. Le gouvernement a ainsi décidé de faire disparaître partiellement ou totalement 48 liaisons, soit un tiers de l’offre en Espagne. En rationalisant la carte des trains, les autorités espèrent réaliser 86 millions et demi d’euros d’économies.
"Nous voulons changer tout ce qui n'a pas fonctionné pendant des années en Espagne. Pour que les choses commencent à fonctionner, pour que nous dépensions moins, et surtout, que nous dépensions mieux", a ainsi expliqué Soraya Saenz de Santamaria, la vice-présidente du gouvernement espagnol, lors d’une conférence de presse le 15 avril.
"Payer les pots cassés"
Mais du côté de la population, ce nouveau sacrifice passe mal. Dans le train qui relie Madrid à Avila, et qui fait partie des futures liaisons supprimées, les usagers se sentent trahis par les pouvoirs publics. "On ne sait plus à quoi se raccrocher. Je suis au chômage et en fin de droits. Pour moi, dépenser 12 euros dans ce train pour Avila, c'est déjà une somme importante. Mais faire le même trajet en voiture, c'est 50 euros", s’emporte un passager interrogé par FRANCE 24. "Quand il a fallu faire les trains à très grande vitesse, très chers, l'argent est venu des contribuables. Et puis quand le train n'est pas efficace et n'est pas rentable, et bien c'est encore nous qui payons les pots cassés", ajoute une autre voyageuse.
Ce sentiment d'injustice est exacerbé par les pratiques du passé. Les transports et infrastructures ont en effet fait l'objet d'un certain nombre d'aberrations pendant les années fastes de l’économie espagnole.
Une députée de Madrid, Loreto Ruiz de Alda, a ainsi découvert un tronçon d’autoroute fantôme dans la banlieue de la capitale espagnole. Après un investissement de 80 millions d'euros, la route et ses péages sont terminés depuis 2007, mais restent inutilisés. "Il s'agit d'un cas de mésentente entre le gouvernement et la région de Madrid. Cette route fantôme doit être raccordée à une route gérée par le gouvernement central et les deux administrations ont été incapables de se mettre d'accord pour faire ce fameux embranchement", se désole la députée.
Iberia à la peine
Le transport aérien aussi vit de grands bouleversements. L'ancien fleuron national Iberia, détenu par IAG, doit subir une réduction du personnel de 30% d'ici 5 ans. Les syndicats se sentent abandonnés par l'Etat qui est actionnaire du groupe. "Le gouvernement sait quoi faire pour faire pression sur l'entreprise. Du côté des salariés, nous avons déjà accepté 3 200 départs de personnels, et des baisses de salaire de plus de 14%", souligne Manuel Atienza, le porte-parole du secteur aérien du syndicat UGT.
Le recul d'Iberia sur le marché domestique se fait au profit de compagnies à bas coût comme Ryanair, qui transporte en Espagne 35 millions de passagers par an. Il faut désormais compter avec la compagnie irlandaise, favorable notamment à la privatisation des aéroports espagnols.