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Sept ans de prison pour le chef du réseau de pickpockets Hamidovic

Le chef du clan Hamidovic, à la tête d’un réseau de jeunes filles qui volaient à la tire dans le métro de Paris, a écopé de 7 ans de prison et sa femme a été condamnée à 4 ans. Des peines bien inférieures aux réquisitions du parquet.

Le parquet souhaitait des peines exemplaires. Les condamnations prononcées par le tribunal correctionnel de Paris mercredi 15 mai contre les membres d’un réseau de pickpockets qui sévissait dans le métro parisien ont été largement en deçà des réquisitions. Le chef du clan, Féhim Hamidovic, a écopé de sept ans de prison alors que le procureur avait requis plus du double. Sa femme, Behija, a été condamnée à quatre ans de réclusion alors que le ministère public demandait 12 ans d'emprisonnement. Le couple, originaire de Bosnie-Herzégovine, était poursuivi pour traite d'être humains, association de malfaiteurs et provocation de mineurs à commettre des délits. Féhim et Behija Hamidovic avaient déjà été condamnés à respectivement trois et deux ans de prison pour des faits similaires par un tribunal de Vienne en février 2007. 

Dix-neuf autres membres du clan qui se trouvaient dans le box des accusés ont été condamnés à des peines allant d’un à cinq ans de prison. Un vingtième accusé a été relaxé. Entre 3 et 10 ans de prison avaient été requis à leur encontre.
"Vaste réseau de traite des êtres humains"
Au cours des réquisitions, l’accusation avait décrit le clan Hamidovic comme étant "une entité puissante, pérenne, professionnelle", dégageant d’énormes profits - estimés par les enquêteurs à 1,3 million d’euros pour la seule année 2009 - grâce à "un vaste réseau de traite des êtres humains".
Le procureur avait également décrit le fonctionnement ultra-hiérarchisé du clan et avait établi différents niveaux de responsabilité parmi les prévenus : les petites voleuses, les chefs d’équipe, les chefs de clans locaux et les leaders du réseau.
Au rang le plus bas de la hiérarchie Hamidovic se trouvaient les chapardeuses du métro, les petites mains, essentiellement des très jeunes filles tziganes originaires de Bosnie-Herzégovine, opérant en bandes dans le métro de Paris ou dans les lieux fréquentés par les touristes. Contraintes de ramener au moins 300 euros par jour sous peine de violences - passages à tabac, brûlures de cigarette et, selon l’une d’elles, des viols -, elles détroussaient principalement les touristes asiatiques qui voyagent souvent avec de grosses sommes d’argent sur eux.
À l’autre bout du réseau régnaient Féhim et Behija Hamidovic, cueillis en 2010 par la police en Italie où ils menaient grand train dans leur villa cossue de Rome. Tous les 15 jours, leurs fils se rendaient dans le sud de la France où les belles-filles et les nièces du couple venaient leur remettre les sommes dérobées dans le métro de Paris, mais aussi de Madrid et de Bruxelles.
Pas de témoin à la barre
Trois ans d’enquête ont été nécessaires pour démanteler le réseau. Un casse-tête pour les enquêteurs : les jeunes filles arrêtées en flagrant délit dans le métro parisien, mineures, ne pouvaient pas être placées en garde à vue. À chaque fois que l’une d’entre elles se faisait pincer, la police n’en tirait qu’un nom de famille : Hamidovic. Et, à chaque fois, la même affirmation : "Impossible famille joignable". Une paire d’heures plus tard, la jeune fille était relâchée.
Les témoignages d’une dizaine de jeunes filles avaient été récoltés par la police. Mais aucune d’entres elles ne s’est présentée à la barre lors du procès. Aucune ne s’est portée partie civile. "Elles se sont volatilisées", déplorait fin avril Guillaume Lardanchet, directeur de l’association Hors la rue, qui a accompagné quelques-unes des "Hamidovic" avant le procès. Selon lui, ces jeunes filles "ont probablement été reprises par le réseau".
Au cours du procès, leur présence a cruellement manqué à la partie civile pour convaincre les juges d’appliquer des peines exemplaires à l’encontre des chefs du réseau. La défense des membres du clan, saluant une "très belle décision", a fait savoir qu’elle ne ferait pas appel du jugement . Le parquet, lui, a 10 jours pour se décider.