logo

Disparues de Cleveland : peine de mort envisagée contre Ariel Castro

Un procureur de l’Ohio a accusé jeudi Ariel Castro, inculpé pour le viol et la séquestration de trois jeunes femmes pendant dix ans, d'avoir commis un meurtre en interrompant des grossesses et prévenu qu'il pourrait requérir la peine de mort.

Un procureur de l'Ohio a déclaré jeudi vouloir obtenir l'inculpation pour meurtre avec circonstances aggravantes d'Ariel Castro, accusé d'avoir enlevé et séquestré pendant dix ans trois jeunes femmes dans sa maison de Cleveland. S'il était reconnu coupable d'un tel chef d'accusation, le propriétaire de la "maison de l'horreur" serait passible de la peine de mort.

Le procureur Timothy McGinty a déclaré, lors d'une conférence de presse, que les accusations de meurtre se fondaient sur le témoignage de l'une des jeunes femmes retenues en captivité au domicile de Castro. Celle-ci a déclaré qu'après l'avoir mise enceinte, il lui avait fait subir de mauvais traitements physiques et l'avait affamée afin de provoquer des fausses couches.

Ariel Castro, 52 ans, a été présenté jeudi devant un juge qui lui a notifié officiellement ses chefs d'inculpation - quatre pour enlèvement et trois pour viol. Menotté, les yeux rivés vers le sol, le chauffeur de bus au chômage n’a pas prononcé un mot durant sa comparution devant le tribunal de la ville. Le juge a fixé une caution de deux millions de dollars pour chaque cas, soit huit millions de dollars au total, s'assurant ainsi du maintien du suspect en détention. Selon Kathleen DeMetz, avocate commise d'office d'Ariel Castro, il devait être placé sous surveillance particulière pour éviter toute tentative de suicide.

"Prédateur sexuel"

Par ailleurs, certains médias ont révélé l'existence de notes qui auraient été produites par l'accusé, sans que la police ne confirme ces allégations.

Selon les médias locaux, l’homme se qualifiait lui-même de "prédateur sexuel" ayant besoin d'aide, dans une note datant de 2004. En effet, d'après le compte Twitter du journaliste Scott Taylor, de la télévision locale WOIO, une note a été découverte, parmi des dizaines d'autres preuves recueillies par la police en fouillant sa maison, sur laquelle on peut lire, "Je suis un prédateur sexuel. J'ai besoin d'aide", rapporte le journaliste.

Dans une apparente référence aux victimes, la note indique : "Elles sont ici contre leur volonté parce qu'elles ont commis l'erreur de monter dans la voiture d'un total étranger". "Je ne sais pas pourquoi j'en cherche une autre, j'en ai déjà deux".

Selon Scott Taylor, le suspect avait écrit qu'il voulait se suicider et "donner toutes [ses] économies à [ses] victimes". Le chef-adjoint de la police de Cleveland Ed Tomba a paru confirmer l'existence de cette note lors d'une conférence de presse mercredi."Je ne peux pas parler de la découverte d'une preuve, il y en a plus de 200 qui ont été recueillies dans la maison de Seymour Avenue, toutes vont être étudiées", a expliqué le chef de la police locale.

Le voile se lève peu à peu sur les conditions de détention

Les conditions de détention de ses victimes continuent d'être divulguées au compte-gouttes.

Toujours selon le chef-adjoint de la police de Cleveland, les trois femmes ne seraient sorties de la maison où elles étaient prisonnières qu'à deux brèves reprises, et uniquement pour aller dans le garage après avoir dû se "déguiser".

Le chef de la police Michael McGrath a confirmé qu'"elles étaient attachées" après avoir retrouvé "des chaînes et des cordes dans le couloir". "Elles n'étaient pas dans la même pièce, mais elles se connaissaient et savaient que les autres étaient là", a précisé Ed Tomba, sans confirmer des informations de presse selon lesquelles les jeunes femmes seraient plusieurs fois tombées enceinte.

Un voisin, Roberto Diaz, cité par le Washington Post, affirme qu'Ariel Castro participait à des marches en l'honneur des filles disparues ou à des distributions de tracts.

L'oncle d'Ariel Castro, Julio, raconte cependant que son neveu s'est isolé de la famille après la mort de son père en 2004, année de la disparition de Gina, un an après celle d'Amanda et deux ans après celle de Michelle.

En 2005, l'ancienne femme de Castro, Grimilda Figueroa, décédée l'an dernier, avait porté plainte contre lui, l'accusant d'avoir "souvent enlevé" leurs deux filles et de les avoir "empêchées d'être avec [leur] mère".

Les documents judiciaires indiquent, en outre, que Grimilda Figueroa avait eu deux fois le nez brisé, des côtes cassées, les épaules luxées, et qu'elle avait demandé au juge "d'empêcher [Castro] de menacer de la tuer".

Avec dépêches