Sévèrement blessé après une chute lors d’un meeting, l’opposant Imran Khan est contraint au repos à seulement quatre jours des législatives pakistanaises. Par solidarité, les autres partis politiques ont fait une pause mercredi dans leur campagne.
À quatre jours du scrutin des élections législatives pakistanaises, le sprint final de la campagne aurait dû être sans merci. C’était sans compter sur l’impressionnante chute de plusieurs mètres, mardi 7 mai, du principal candidat de l’opposition, Imran Khan, chef du Mouvement pour la Justice (PTI).
Le monte-charge sur lequel se trouvait cet ancien champion de cricket lors de l’accident devait le déposer sur la scène à l’occasion de l’un de ses derniers meetings organisé à Lahore, la deuxième ville du pays. Mais la machine, vraisemblablement surchargée, a cédé sous le poids du candidat et de ses gardes du corps devant une foule de plusieurs milliers de partisans abasourdis. Le bilan est assez sévère : deux vertèbres fracturées, une blessure à la tête et une autre à l'épaule. Mais le porte-parole de l’hôpital, où a été admis le sexagénaire, a annoncé, mercredi, qu’il avait déjà quitté l'unité des soins intensifs pour une chambre privée.
Par solidarité et au vu de la gravité des blessures, les grands partis pakistanais ont unanimement décidé de marquer une pause mercredi dans leurs campagnes respectives. Ainsi, le PML-N de Nawaz Sharif, chef de l'opposition qui se dispute le même électorat de centre-droit qu'Imran Khan, a annulé "de nombreux meetings" dans son fief du Pendjab, a indiqué son porte-parole Siddiqul Farooq. "Nous ne faisons aussi aucune publicité contre le PTI", a-t-il ajouté. Idem pour le MQM, première force politique à Karachi, la métropole économique du pays. Quant au PPP, la formation à la tête de la coalition sortante, son agenda n’indiquait également aucun événement à l’échelle nationale. Rien de surprenant pour cette coalition qui, depuis le début de la campagne, n'a organisé aucun grand meeting.
Les rassemblements devraient toutefois reprendre jeudi, dernier jour officiel de campagne avant le scrutin de samedi. Imran Khan qui avait prévu un grand meeting dans la capitale devrait être contraint de renoncer.
Une aubaine pour attirer la sympathie des électeurs
Bien que les médecins lui aient prescrit une semaine de repos, le candidat n’a pas abandonné la partie pour autant. Mardi soir, quelques heures à peine après l’accident, Imran Khan, apparaissait déjà dans les médias. Dans une interview accordée à un journaliste d'une chaîne locale, on découvre le candidat couché sur son lit d'hôpital et le cou enserré par des attelles. "J'ai fait ce que j'ai pu pour ce pays. Rappelez-vous, le 11 mai, il faut sortir de chez vous et voter pour le PTI sans vous préoccuper de vos candidats locaux. Votez seulement pour le PTI et ses idées", a-t-il soufflé au micro.
Un peu plus tôt, les images du "héros" national, le visage ensanglanté, transporté à bras-le-corps par des membres de son entourage jusqu'à sa voiture, avaient bouleversé le pays entier.
Plusieurs chaînes locales rediffusaient en boucle mercredi matin l'interview d'Imran Khan alité, mais cette fois avec la mention "publicité de campagne électorale payée". "Cette vidéo est devenue une bénédiction car elle pourrait lui permettre d'attirer un vote de sympathie", a indiqué un responsable d'une chaîne pakistanaise sous le couvert de l'anonymat. Comble de l’histoire, Imran Khan, a été transféré dans un hôpital qu'il a lui-même fondé, une anecdote qui pourrait entretenir son image de bienfaiteur et donc jouer également en sa faveur.
Au cours des derniers mois, Imran Khan a électrisé les foules à travers le pays en appelant à la fin du monopole des deux grands partis traditionnels, le PPP du clan Bhutto et le PML-N de l'ancien Premier ministre Nawaz Sharif. Son combat contre la corruption semble également séduire une partie de l’électorat, au point de venir brouiller les cartes lors de ce scrutin.
Avec dépêches