Le parti populiste, l’Ukip, a réalisé une percée historique lors des élections locales au Royaume-Uni, infligeant un sérieux revers aux conservateurs menés par David Cameron. Le scrutin avait une valeur de test à l'approche des législatives de 2015.
La vague populiste déferle au Royaume-Uni. Avec 26 % des voix, selon les résultats partiels, le Parti de l'indépendance du Royaume-Uni (UKIP) a réalisé une percée historique lors des élections municipales en Angleterre et au Pays de Galles. Cette victoire électorale de la formation anti-européenne et anti-immigration signe la meilleure performance pour le quatrième parti du pays depuis la Seconde Guerre mondiale. Il obtient en effet 147 postes de conseillers contre huit auparavant.
"Changement de cap"
"Il s'agit d'un changement de cap dans la politique britannique", a lancé le chef de l'Ukip, Nigel Farage, dont le parti ne dispose pas de siège au Parlement britannique mais compte 12 députés au Parlement européen.
Selon lui, la formation aurait tiré profit de la déception des gens à l'égard des trois formations traditionnelles, conservateurs, travaillistes et libéraux. "Nous avons trois partis qui n'ont plus la capacité de gouverner notre propre pays, qui nous ont laissés au bord de la faillite et laissé la porte ouverte aux politiques d'immigration", a-t-il déclaré à la BBC.
"Nous avons été malmenés par tout le monde, attaqués par tout le corps politique qui a fait de son mieux pour empêcher les gens biens de sortir et de voter pour l'UKIP. Ce qu'ils ont fait en nombre", a-t-il par ailleurs affirmé sur Sky News.
Cette percée représente un revers non négligeable pour les Tories de David Cameron, à deux ans des législatives de 2015, d'autant que l'opposition travailliste a enregistré une nette progression en emportant 538 sièges (+291) sur les quelque 2 400 en jeu.
Par ailleurs, l'Ukip s'offre une deuxième place, avec 24 % des voix, dans une législative partielle organisée à South Shields (nord de l'Angleterre) après la démission du travailliste David Miliband, ancien ministre des Affaires étrangères et frère du chef du Labour. Il relègue en troisième position les conservateurs.
Cameron affaibli par le parti des "barjots et des racistes"
Fort de ces résultats, l'UKIP risque de peser sur les positions du gouvernement Cameron en ce qui concerne l'Europe et l'immigration.
"Je pense que beaucoup de choses peuvent se passer d'ici à 2015, mais si on ne nous donne pas un référendum [sur l'UE] et si l'on ouvre les portes à la Bulgarie et à la Roumanie, créant une deuxième vague d'immigration, alors Dieu seul sait ce qui peut arriver d'autre", a averti M. Farage.
De quoi mettre la pression sur le Premier ministre qui avait déjà tenté de séduire, en janvier 2013, les eurosceptiques en organisant un référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union européenne d'ici à 2017, à condition d’être reconduit lors des législatives.
David Cameron a d’ailleurs tenu à ne pas s’avouer vaincu : "Nous devons respecter les personnes qui ont choisi de soutenir" l'Ukip, a-t-il réagi, parti qu’il avait pourtant classé parmi les "barjots et les racistes". "Nous allons travailler dur pour reconquérir ces voix".
Avec dépêches