Dans son dernier clip, "College Boy", le groupe français Indochine a voulu dénoncer le harcèlement à l'école en mettant en scène le passage à tabac puis l'exécution d'un collégien homosexuel. Le CSA envisage d'interdire le clip aux moins de 16 ans.
L’ultra violence des images pour dénoncer l’ultra violence de la société. Dans son dernier clip "College Boy", tourné en noir et blanc, le groupe français Indochine aborde sans détour le thème du harcèlement à l’école. Afin de dénoncer les humiliations et maltraitances subies au quotidien par certains adolescents - homosexuels dans ce cas précis -, le groupe a pris le parti de montrer, sans ellipse visuelle mais de manière très esthétique, la longue agonie d’un collégien moqué, insulté, tabassé, crucifié puis exécuté.
itDepuis les salles de classe jusqu’au terrain de sport, la caméra suit, pendant six minutes, le désarroi au quotidien d’un jeune garçon, sorte de jeune Christ gay des temps modernes, subissant autant la cruauté de ses "semblables" - qui iront même jusqu’à filmer sur leur téléphone portable la crucifixion du jeune garçon - que l’indifférence des adultes.
S’il faut reconnaître que certaines images sont particulièrement dures, le réalisateur de la vidéo, le jeune Québécois prodige de 24 ans, Xavier Dolan, interrogé par FRANCE 24, se défend d’avoir mis en scène une violence gratuite à visée purement commerciale. "Le message paraît très clair. C’est un clip sur la violence avec un geste social", explique-t-il, égratignant au passage ses détracteurs qu’il accuse d’hypocrisie. Pourquoi tant de passion devant ces images-là et tant de passivité devant "ces clips où l’on voit des chanteurs en décapotable verser de l’alcool sur des seins huilés de femmes réduites à de simples objets" ?
Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) réfléchit, il est vrai, à une éventuelle interdiction du clip aux moins de 16 ans, voire aux moins de 18 ans. Il n'est d'ailleurs plus visible sur YouTube. Une aberration pour Xavier Dolan qui tenait à faire passer avant tout un message didactique – et politique - au jeune public. "Un clip comme celui-là s’imprime dans l’imaginaire et peut vous faire devenir une personne différente", se défend-t-il.
Le choc émotionnel provoqué par son visionnage peut même, selon lui, s’avérer bénéfique dans la construction de l’adolescent. "Empêcher les jeunes générations de le voir, c’est les empêcher, à un âge crucial, de comprendre le message", explique-t-il avant de conclure sur une touche d’actualité. "Ça serait bien, par exemple, que ce clip choque quelqu’un au point qu'il décide, par exemple, de ne plus descendre dans la rue pour manifester contre le mariage entre deux personnes du même sexe…"