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La chaîne Al-Jazira suspendue en Irak pour "incitation à la violence"

Les autorités irakiennes ont suspendu, dimanche, la diffusion de plusieurs chaînes de télévision, dont la qatarie Al-Jazira, pour incitation à la violence alors que le pays est secoué par des affrontements meurtriers entre sunnites et chiites.

L'Irak a annoncé dimanche la suspension de licences de dix chaînes de télévision dont celle du réseau satellitaire qatari Al-Jazira, pour incitation à la violence dans leur couverture des affrontements communautaires meurtriers qui secouent à nouveau le pays depuis plusieurs jours.

Selon la Commission des médias et de la communication irakienne (CMC), les mots employés par les journalistes sont de nature à encourager "les actes criminels de vengeance". "La CMC voit dans les commentaires et le contenu diffusé par les chaînes (...) une incitation et une escalade qui penchent vers le mensonge et l'exagération plus que vers l'objectivité", a déclaré l'autorité via un communiqué publié dimanche.

La plupart des chaînes de télévision visées, y compris les chaînes locales comme "Bagdad" et "Al Charkiya", ont une réputation pro-sunnite et se montrent plutôt critiques envers le gouvernement dirigé par les chiites. Désormais, les équipes journalistiques de ces chaînes ne pourront plus "couvrir les évènements en Irak ou circuler" dans le pays, selon Moujahed Aboulhei, un responsable de l'Autorité des médias et des communications, cité par l’AFP.

"Un coup pour la démocratie"

L'Observatoire pour la liberté journalistique en Irak a estimé, de son côté, que la suspension des licences était "un coup pour la démocratie" tout en "ne niant pas une incitation à la violence par certains médias".

En juin 2012, la CMC avait déjà ordonné la fermeture de 44 représentations de médias dont la BBC et Voice of America.

Environ 200 personnes sont mortes et 300 autres blessées depuis un assaut des forces irakiennes, le 23 avril, contre un campement de manifestants sunnites près de Kirkouk au nord du pays. L’ordre, émanant du Premier ministre chiite Nouri al-Maliki, a été suivi par plusieurs attaques de représailles contre les forces de sécurité.

Ce regain de tensions intervient alors que la minorité sunnite irakienne, qui s’estime de plus en plus marginalisée, manifeste depuis décembre pour réclamer, entre autres, la démission de Nouri al-Maliki. Après le renversement de Saddam Hussein et l'intervention américaine de 2003, l'arrivée des chiites au pouvoir par les urnes avait conduit à un conflit confessionnel sanglant ayant fait plusieurs dizaines de milliers de morts en six ans.