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James McCormick, vendeur de faux détecteurs de bombes à l'Irak

La justice britannique a reconnu James McCormick coupable de fraude, mardi 23 avril. L'homme est accusé d’avoir fait fortune en vendant de faux détecteurs de bombes, notamment en Irak, mettant ainsi des milliers de vie en danger.

Ses faux détecteurs de bombes ont probablement coûté des vies, notamment en Irak. Le 23 avril, James McCormick a été reconnu coupable de fraude par la justice britannique, qui prononcera la sentence le 2 mai. Il encourt une peine de huit ans de prison.

Depuis 2005, ce Britannique de 57 ans a fait fortune en vendant à travers le monde son Advanced Detecting Equipment (ADE), détecteur ultime selon lui. Il pouvait, d’après ses dires, identifier à 1 000 mètres à la ronde aussi bien des bombes, des armes, que de l’ivoire, de la drogue et même des billets de banque.

Seul problème : son ADE était incapable de telles prouesses. Une étude menée par un laboratoire indépendant britannique pour le compte de la justice a prouvé que ce miraculeux détecteur de tout et de rien n’avait absolument aucune fiabilité.

À l’intérieur de cet engin prétendument conçu, d’après James McCormick, dans des laboratoires ultrasecrets en Roumanie, des fils ne sont reliés à rien et des capteurs manquent. À l’origine, le Britannique s’était contenté d’acheter pour une bouchée de pains des détecteurs de balles de golf qu’il a rebaptisé ADE et vendu pour des milliers de livres sterling.

Irak, terre promise

Si l'homme apparaît aujourd'hui clairement comme un escroc, il n’en a pas toujours été ainsi. Pendant plus de 4 ans, il a berné des forces de l’ordre et des autorités du monde entier. James McCormick a vendu son ADE 651 (le modèle le plus récent de son faux détecteur) en Roumanie, au Mexique, au régime libyen de Mouammar Kadhafi ou encore en Chine et en Syrie.

Mais son marché de prédilection, comme l’a révélé le magazine "Newsnight" de la BBC en 2010, était l’Irak. Il a vendu 6 000 ADE 651 aux autorités d'un pays où le danger de mourir à cause d’une bombe est omniprésent. Au plus fort du succès commercial de James McCormick, entre 2008 et 2009, plus de 1 000 Irakiens ont péri dans des explosions, rappelle la BBC. “L’homme qui a vendu ces engins n’a pas de conscience, comment a-t-il pu pour quelques dollars jouer avec la vie d’autrui comme ça ?”, a dénoncé, dans le reportage de "Newsnight", Haneen, une Irakienne qui a dû subir 59 opérations après avoir été grièvement blessée lors d'une explosion.

Rien que le succès en Irak de ce faux détecteur de bombes, vendu jusqu’à 55 000 dollars l’unité (42 000 euros), a rapporté à James McCormick 85 millions de dollars. La fortune amassée par cet escroc est probablement beaucoup plus importante. Les autorités britanniques ont déjà identifié au Royaume-Uni des actifs d’une valeur de 10 millions de dollars. Le malfaiteur a ainsi acheté l’ancienne demeure britannique de l’acteur Nicolas Cage d’une valeur de 3,2 millions de livres sterling (3,75 millions d’euros). Mais les autorités soupçonnent qu’un butin au moins aussi important est dissimulé dans des paradis fiscaux comme Chypre ou Belize.

Corruption

Reste à savoir comment cette incroyable supercherie a pu perdurer. L’”inventeur” des faux détecteurs avait même estampiller ses engins des logos de l’International Association of Bomb Technicians (Association internationale des techniciens d’engins explosifs) et de la Chambre de commerce de l’Essex sans que personne ne s’en émeuve.

Pourtant, un informateur anonyme qui avait travaillé pour James McCormick, d’après la BBC, avait alerté les autorités britanniques en 2008 et 2009. Il raconte notamment que lorsqu’il avait mis en doute la fiabilité des ADE, son patron lui avait rétorqué que les engins “font exactement ce qu’ils sont censés faire, c’est à dire rapporter de l’argent”.

En Irak, ce Britannique semble avoir fait fructifier ses petites affaires grâce à des dessous de table. Une enquête pour corruption a même été ouverte en 2009 par le ministère irakien de l’Intérieur. Au moins huit officiels irakiens auraient, d’après cette enquête, accepté de l’argent du sulfureux homme d’affaires.

À la même époque, les soldats américains et britanniques en poste à Bagdad ont commencé à exprimer des doutes sur la fiabilité du matériel fourni par James McCormick. “Je n’ai jamais vu ces engins détecté quoi que ce soit”, a affirmé durant le procès un brigadier britannique qui avait été en poste en Irak.

Mais les autorités britanniques n’ont finalement décidé d’arrêter James McCormick qu'en janvier 2010. Les révélations sur cette vaste supercherie n’ont pas empêché l’ADE 651 de continuer à être utilisé par les forces de l’ordre irakiennes. Quelques semaines après cette arrestation, un policier irakien avait avoué à l’agence de presse française AFP savoir  “que c’est une connerie, mais malgré ça nous continuons à faire croire aux gens que c’est efficace”.