Amnesty international s'inquiète des nombreuses lois, initiées par Vladimir Poutine, qui répriment sévèrement la liberté d'expression et d'association alors que comparaît devant la justice Alexeï Navalny, un influent opposant politique.
Alors que se tient le procès d’Alexeï Navalny, blogueur influent et fervent opposant à l'homme fort de Moscou, Amnesty International alerte sur la liberté d’expression en Russie qui a été, selon l'ONG, sévèrement entamée depuis la réélection de Vladimir Poutine. Dans un rapport intitulé “Liberté en danger : répression de la liberté d’expression, de réunion et d’association en Russie", Amnesty international passe au crible l'évolution de la législation russe et dresse un bilan alarmant en matière de droits de l'Homme.
En ligne de mire d’Amnesty international, l’adoption de deux nouvelles lois et de onze amendements dans le cadre d'une vaste campagne de répression de la liberté d’expression. "Ces récentes initiatives législatives avaient pour but de maintenir l’ordre public et la protection des droits des citoyens. Mais c’est l’effet inverse qui s’est produit : opposants, voix dissidentes et autres manifestants ont vu leur droit d’expression fortement réprimé au cours de l’année passée", déplore John Dalhuisen, le directeur des programmes Europe et Asie centrale chez Amnesty international.
"Un rideau non pas de fer, mais de lois"
Le recours à la force par les autorités lors de manifestations et les arrestations arbitraires ont particulièrement choqué la communauté internationale à plusieurs reprises en 2012. "Les États sont tenus d'autoriser et de garantir des rassemblements pacifiques. La position par défaut adoptée par les autorités de Russie, aujourd'hui, est de décréter qu'une manifestation qu'elles n'autorisent pas ne doit pas avoir lieu", explique John Dalhuisen. Selon lui, Vladimir Poutine mène une véritable "chasse aux sorcières […] alors même que la société civile risque d'être asphyxiée et isolée derrière un rideau, non pas de fer mais de lois."
En outre, les ONG - principalement américaines - établies en Russie sont de plus en plus handicapées par les mesures de Vladimir Poutine, accuse Amnesty international. Plusieurs textes, dont la récente loi "Dima Yakovlev", plafonnent le financement des ONG par les États-Unis et empêchent les ressortissants américains de travailler pour des organisations actives en Russie. "Ces textes restreignent la liberté d'association, ce qui n'est pas conforme aux normes internationales en matière de droits de l'Homme", dénonce l’ONG.
Parallèle avec le procès d’Alexeï Navalny
La publication de ce rapport tombe le même jour que la reprise du procès de l'opposant numéro un à Vladimir Poutine, Alexeï Navalny. Il comparaît, depuis mercredi, devant la justice pour "détournement de fonds" à Kirov, à 900 kilomètres de Moscou. "Cette affaire a été fabriquée de toutes pièces sur ordre de Poutine", assure l’accusé qui a déclaré "n'avoir aucun doute" sur le fait que le président russe "a donné des instructions" pour qu'il soit reconnu coupable.
Alexeï Navalny, passible dans cette affaire d'une peine maximale de 10 ans de camp, est accusé d'avoir organisé en 2009 le détournement de 400 000 euros au détriment d'une exploitation forestière, Kirovles. Ce qui ne devrait pas entamer les ambitions présidentielles qu’il affiche depuis le début de son combat contre le Kremlin.
Orateur efficace lors des manifestations anti-Poutine, pourfendeur de la corruption via des révélations retentissantes publiées sur l'Internet, Alexeï Navalny, 36 ans, est devenu l'un des meneurs de la contestation née en 2011 pour dénoncer les fraudes lors des législatives remportées par le parti de Vladimir Poutine, Russie unie. Mais ses démêlés judiciaires risquent de lui coûter cher. Usurpation d’identité, escroquerie, détournements de fonds : les charges qui pèsent contre lui sont nombreuses.