Alors que les pro-mariage gay célébraient l'adoption définitive du texte à l’Assemblée nationale, des heurts ont éclaté mardi soir à Paris lors d'une manifestation des anti. Policiers et journalistes ont été malmenés par des manifestants.
D’un côté le parvis de l’Hôtel de ville et le quartier du Marais, de l’autre l’esplanade des Invalides et le quai d’Orsay. Mardi soir, les pro et anti-mariage pour tous se sont fait entendre de part et d’autre de la capitale après l’adoption définitive du projet de loi à l’Assemblée nationale au terme de quatre mois de débats houleux.
"C'est une loi aussi importante que celle sur l'IVG ou sur l'abolition de la peine de mort. Oui c'est un moment important de la démocratie française", se réjouit un partisan du texte interrogé par FRANCE 24 sur le parvis de l’Hôtel de ville. "C'est une victoire d'égalité, une victoire de la République française et puis une victoire par rapport aux agressions verbales et physiques ... c'est beau !", ajoute une autre.
Du côté des opposants au mariage pour tous, la mobilisation continue. Immédiatement après le vote, les parlementaires UMP ont déposé un recours devant le Conseil constitutionnel dans l'espoir d’empêcher l'application de la loi. Sur le terrain, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées dans le quartier des Invalides. "La loi est acceptée à l’Assemblée nationale mais il n’y a pas encore de décret d’application", rappelle un manifestant interrogé par FRANCE 24. "Tant pis. On est encore là, on continue de dire que l’on n’est pas d'accord et surtout, on espère que le projet ne sera pas appliqué", explique un autre.
Un policier blessé à la tête par un pavé
Puis dans la soirée, des débordements et des violences ont eu lieu, les organisateurs ne parvenant pas à disperser les manifestants.Vers 22h45, des centaines de personnes restaient sur place. Nombre de manifestants, environ 500 selon une source policière, certains masqués ou encagoulés, ont provoqué les CRS et gendarmes mobiles, retranchés derrière des grilles fixées à des camions anti-émeutes interdisant l'accès à la rue de l'Université et au quai d'Orsay, tout près de l'Assemblée nationale. Pétards, bouteilles, pavés et autres projectiles ont été lancés en grand nombre sur les forces de l'ordre qui ont répliqué par de longs jets de gaz lacrymogène pour éloigner les excités.
Vers 23h30, les échauffourées se sont déplacées vers le quai d'Orsay, où les provocateurs se sont servis d'objets divers volés sur un chantier (pavés, barrières de chantier, barres de fer, gaines électriques) pour les lancer sur les forces de l'ordre. "Les affrontements sont extrêmement violents", a indiqué une source policière. Un commissaire de police, blessé par un pavé à la tête, s'est évanoui et été emmené à l'hôpital où il a repris connaissance, selon cette même source.
Douze personnes interpellées à Paris
Peu après 23h30, un policier a hurlé dans son mégaphone "Obéissance à la loi, dispersez-vous !". Les CRS et gendarmes mobiles ont ensuite chargé à plusieurs reprises pour éloigner les fauteurs de troubles qu'ils ont aussi arrosé de gaz lacrymogène, occasionnant d'importants mouvements dans la foule qui scandait "Hollande démission" ou "Nous sommes le peuple".
Les charges visaient également à "interpeller les meneurs et les auteurs de violences, on allait les chercher de manière sélective" dans la foule, a expliqué une source policière. Au total, la police a procédé à Paris à au moins 12 interpellations. Il s’agissait "d’individus appartenant à des mouvements d'extrême droite", a expliqué le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, dans un communiqué diffusé dans la nuit.
Autre cible des manifestants, les journalistes, qui ont été traités tour à tour de "collabos", "salauds" et "pourris", et qui ont également été pris à partie par quelques personnes agressives, verbalement et physiquement. Puis un groupe de journalistes a été pris en chasse brièvement par plusieurs hommes encagoulés, et un photographe de l'AFP a été aspergé de gaz lacrymogène. Le calme est revenu vers 1h15, après l’évacuation des derniers récalcitrants par les CRS et les gendarmes mobiles.
Des incidents similaires avaient déjà émaillé la fin de chacune des manifestations anti-mariage gay la semaine dernière à Paris et en région. À Lyon, le ministère de l’Intérieur a fait état de 44 interpellations. Manuel Valls a condamné "avec la plus grande sévérité les nouveaux actes de violence perpétrés ce mardi soir à Paris et à Lyon, les jugeant "inacceptables".
FRANCE 24 avec dépêches