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Le Parlement italien a entamé le processus de désignation du président de la République. L’ancien président du Sénat Franco Marini, porté par les principaux partis, n’est pas parvenu à réunir les deux tiers des voix nécessaires à sa désignation.

La journée du 18 avril n’aura pas été fructueuse au Parlement italien. Après un premier scrutin, les 1007 grands électeurs ne sont pas parvenus à se mettre d’accord sur le nom du successeur de Giorgio Napolitano à la présidence italienne. La veille, un consensus semblait pourtant avoir été trouvé autour de l’ancien président du Sénat Franco Marini, âgé de 80 ans, soutenu par les centristes, le centre-gauche de Pier Luigi Bersani et le Peuple de la liberté de Silvio Berlusconi. "Franco Marini a effectivement fait l’objet d’un accord mercredi soir, mais il y a énormément de dissensions dans les rangs du centre-gauche", explique Pierre Musso, politologue, spécialiste de l’Italie.

De nombreux membres de la coalition de Pier Luigi Bersani, notamment le fougueux maire de Florence Matteo Renzi et le président de la région des Pouilles Nichi Vendola, n’ont pas caché leur hostilité au choix de Franco Marini. "C’est un candidat du siècle dernier", a commenté Matteo Renzi, estimant que l’octogénaire n’avait "ni charisme ni la moindre stature internationale".

L’humoriste Beppe Grillo, fondateur du Mouvement cinq étoiles (M5S), parti qui avait cristallisé le vote contestataire pendant les législatives en février, a contribué à décrédibiliser Franco Marini en le taxant "d’homme du système". Il avait appelé les parlementaires de tous bords à voter pour Stefano Rodota, un constitutionnaliste désigné par les militants du Mouvement lors d’un vote sur Internet la semaine dernière.

"Le président est un facteur de stabilité"

Lors du premier scrutin, l’ancien président du Sénat n’a obtenu que 521 voix. Loin donc de la majorité des deux tiers - 672 voix - requises pour qu’il soit élu dès le premier tour. Une centaine de bulletins blancs ou nuls ont été déposés. Le candidat du M5S a réuni 240 voix, attirant les déçus du centre-gauche.

En Italie, la fonction présidentielle est largement considérée comme honorifique. Mais une fois nommé, le successeur de Giorgio Napolitano aura la lourde tâche de résoudre la grave crise politique qui dure depuis près de deux mois dans le pays. "Le président est un facteur de stabilité, c’est l’autorité morale, c’est le référant donc il peut se révéler très important, particulièrement dans la crise dans laquelle nous nous trouvons", précise Pierre Musso. Le président dispose en outre d’une arme pour sortir l’Italie du marasme : la possibilité de dissoudre le Parlement. Il lui appartiendra donc de nommer un gouvernement de transition ou d’organiser des élections dès le mois de juillet.

Si aucun candidat n’obtient la majorité des deux tiers après trois votes, l’élection se jouera à la majorité simple à partir du quatrième tour de scrutin. En 2006, quatre votes avaient été nécessaires avant que Giorgio Napolitano soit désigné à la présidence de la République.