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Le dauphin désigné d'Hugo Chavez, décédé le 5 mars, a été désigné avec 50,66 % des voix à la tête du Venezuela. Retour sur l'ascension politique d'un ancien chauffeur de bus devenu président.

Il y a six mois encore, il était inconnu du grand public. Aujourd'hui, il est devenu président de la République bolivarienne du Venezuela et succède au père de la révolution socialiste, Hugo Chavez, décédé le 5 mars. Nicolas Maduro, 50 ans, a été élu, dimanche 14 avril, avec 50,66 % des suffrages et un regret : ne pas avoir fait mieux que son mentor qui avait remporté la présidentielle d'octobre 2012 avec plus de 55 % des voix.

"J'ai fourni un grand effort, parcourant chaque village de cette terre bolivarienne, un effort physique, émotionnel, moral, avec à l'âme la douleur de la perte de notre commandant", a déclaré le nouveau président qui a souhaité, à l'annonce de sa victoire, rendre hommage à Hugo Chavez. Car cet ancien chauffeur d’autobus venu à la politique par le syndicalisme sait qu'il lui doit toute son ascension politique.

"Un des dirigeants avec les meilleures capacités"

Les destins des deux hommes se sont croisés en 1998, lors de la première campagne électorale de Chavez. Nicolas Maduro est alors l'un de ses assistants. Quand, en décembre de la même année, le "Comandante" remporte l’élection présidentielle, c’est avec Maduro qu’il se rend au Conseil national électoral [qui proclame les résultats]. Signe, déjà, d'une forte complicité.

Chavez ne cesse de renouveler sa confiance à Maduro, marié à une autre figure du chavisme, Cilia Flores, également procureur général de la République. En 2006, il désigne Maduro, président de l'Assemblée nationale à l'époque, ministre des Affaires étrangères, avant de le nommer vice-président après sa victoire à la présidentielle du 7 octobre 2012. "C’est un jeune révolutionnaire à part entière, avait déclaré Chavez en décembre dernier. Avec sa main ferme, avec sa vision, avec son cœur d’homme du peuple, avec son talent avec les gens, avec la reconnaissance internationale qu’il s’est acquise, c’est l’un des jeunes dirigeants ayant les meilleures capacités" pour diriger le Venezuela.

Le dauphin est alors exposé au feu médiatique. Pour s'imposer comme le nouveau visage de l'éxecutif, Maduro apparaît au chevet du président malade, à La Havane. Il est le seul à donner des nouvelles de l'état de santé de Chavez en conférence de presse. Et c’est à nouveau lui qui a annoncé le décès d'Hugo Chavez : "Nous avons reçu l'information la plus dure et la plus tragique que nous pouvions annoncer à notre peuple. À 16h25 [21h55, heure de Paris], aujourd'hui 5 mars, est mort notre commandant président Hugo Chavez Frias".

Manque de charisme

Depuis que cet ancien dirigeant du syndicat du métro de Caracas a pris les rênes du pouvoir, il a promis de marcher dans les pas de son mentor et de poursuivre sa politique socialiste. Il ne cesse de proclamer sans relâche sa fidélité à l'ancien président et reprend la rhétorique anti-impérialiste de son prédecesseur, en accusant notamment, le 6 avril, deux ex-ambassadeurs américains d'avoir fomenté un complot pour l'assassiner

Sauf que Maduro est loin d’avoir le charisme de son prédécesseur. Ses récents commentaires quasi-mystiques sur Hugo Chavez affirmant que l’ancien président lui était apparu "sous la forme d'un petit oiseau" n’ont pas eu l’effet escompté. "Ce qui était magique dans la bouche de Chavez apparaît ridicule dans celle de Maduro", commente Stephen Launay, maître de conférence à l'université Paris-Est et auteur de "Chavez, Uribe, deux voies pour l'Amérique latine".

"Il sait bien qu'il ne doit sa victoire qu’à Chavez et non à son charisme", commente Pascal Drouhaud, spécialiste de l'Amérique latine. Aujourd'hui, le président de tous les Vénézuéliens va devoir trouver un équilibre entre le chavisme et l’invention d’un après-Chavez.