Affirmant ne plus pouvoir assurer la sécurité des diplomates étrangers au-delà du 10 avril, Pyongyang les a invités à quitter la Corée du Nord. Mais les gouvernements concernés ne semblent pas prêts à s’exécuter malgré les tensions.
Pyongyang a proposé vendredi 5 avril à Moscou d'"envisager" l'évacuation des collaborateurs de son ambassade, d’après le porte-parole de l'ambassade russe à Pyongyang, Denis Samsonov. Le diplomate a ajouté que la Russie avait reçu cette proposition "ainsi que les autres ambassades à Pyongyang compte tenu de l'aggravation de la situation sur la péninsule coréenne".
L'Allemagne a annoncé que son ambassade à Pyongyang pouvait pour le moment continuer à fonctionner. "La sécurité de l'ambassade allemande et son exposition au danger sont évaluées en permanence. À ce stade, l'ambassade peut travailler", a déclaré le ministère allemand des Affaires étrangères.
Londres a exprimé son scepticisme quant à la portée de l'avertissement des Nord-Coréens : "Nous pensons qu'ils ont fait cela dans le cadre de la rhétorique de leur pays selon laquelle les États-Unis constituent une menace pour eux", a déclaré une porte-parole du ministère britannique des Affaires étrangères.
Les chefs des missions diplomatiques des sept pays de l'Union européenne présents en Corée du Nord (Allemagne, Royaume-Uni, Suède, Pologne, Roumanie, République tchèque, Bulgarie) se sont réunis samedi en fin de journée à Pyongyang pour discuter de la situation.
Les Nations unies n'envisagent pas non plus d'évacuation. Les personnels de l'ONU en Corée du Nord "restent engagés dans leur travail humanitaire et de développement dans tout le pays", a déclaré Martin Nesirky, porte-parole de l'ONU à New York.
L’agence de presse Chine nouvelle confirme cette information, indiquant que toutes les représentations diplomatiques présentes dans la capitale nord-coréenne auraient reçu ce même conseil. Selon les précisions de Londres, Pyongyang se dit incapable d'assurer la sécurité des ambassades à partir du 10 avril en cas de conflit.
Situation "calme" à Pyongyang
Pour le moment, la Russie prend note et n’a pas encore pris de décision, a affirmé Denis Samsonov. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a pour sa part précisé que la Russie allait essayer de "clarifier" la situation avant de prendre une décision. "Nous sommes en contact avec nos partenaires chinois, sud-coréens et japonais", a-t-il ajouté.
"Il ne se passe rien d'extraordinaire, l'ambassade travaille comme d'habitude", a pour sa part souligné le porte-parole de l'ambassade russe. "Je peux vous assurer que la situation est en ce moment absolument calme à Pyongyang. On n'observe aucune tension. C'est un jour férié qui ne présage rien d'extraordinaire", a conclu le diplomate.
Les autorités britanniques ont également dit avoir été interrogées par les Nord-Coréens sur leur intention de maintenir ou non leur ambassade. Il n'y a cependant "pas de projet immédiat" de l'évacuer, a affirmé Londres.
Paris, de son côté, a déclaré "prendre la situation au sérieux" et avoir demandé "instamment" à Pyongyang "de s'abstenir de toute nouvelle provocation". Les autorités françaises n'envisagent cependant pas d'évacuer leurs ressortissants sur place, a indiqué le 5 vril un porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
Un deuxième missile de moyenne portée installé sur la côte est
La Corée du Nord a transporté un deuxième missile de moyenne portée sur sa côte orientale et l'a hissé sur un lance-missiles mobile, a affirmé l'agence sud-coréenne Yonhap, alimentant les craintes d'un tir imminent qui aggraverait une situation déjà explosive.
"Il a été confirmé que la Corée du Nord a transporté par train, en début de semaine, deux missiles Musudan de moyenne portée, vers la côte est et les a installés sur des véhicules équipés d'un dispositif de lancement", a déclaré un haut responsable du gouvernement à Séoul cité par l'agence.
Un responsable de la Marine a indiqué à Yonhap que deux destroyers sud-coréens équipés de radars perfectionnés avaient été déployés, un au large de la côte est et l'autre de la côte ouest. "Si le Nord lance un missile, nous suivrons sa trajectoire", a déclaré le militaire.
La Corée du Nord a franchi un nouveau degré dans la confrontation en annonçant cette semaine avoir approuvé un projet d'opérations militaires contre les États-Unis, y compris d'éventuelles frappes nucléaires.
FRANCE 24 avec dépêches