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La National Rifle Association a présenté, mardi 2 avril, un rapport de 225 pages visant à renforcer la sécurité dans les écoles américaines. Le puissant lobby pro-armes propose notamment la présence d'un garde armé dans chaque établissement.

La National Rifle Association (NRA) a dévoilé, mardi 2 avril à Washington, une série de recommandations promises après la fusillade de Newtown (Connecticut) en décembre 2012 pour assurer une meilleure sécurité dans les écoles américaines.

Parmi les mesures proposées figure la "présence d'un agent de sécurité armé dans une école", qui "ajoute une couche supplémentaire" à la sécurité des établissements scolaires, selon Asa Hutchinson, ancien élu républicain et responsable d'un programme financé par la NRA et baptisé National School Shield ("Bouclier national pour l'école").

Le rapport de 225 pages présenté mardi s'articule autour de huit recommandations, allant d'aspects techniques sur les clôtures des écoles à la mise en place d'un programme d'entraînement, de 40 à 60 heures, pour tout personnel volontaire et tout établissement souhaitant poster des gardes armés.

Il s'adresse également aux élus des États pour qu'ils légalisent la présence de personnel armé dans les écoles. La "décision est du ressort de chaque école", a poursuivi Asa Hutchinson, répétant que la présence de gardes armés "faisait la différence".

L’interdiction des fusils d’assaut ne devrait pas voir le jour

La NRA, puissant lobby qui s'appuie sur le droit constitutionnel de tout Américain à être armé, avait été dans le collimateur de l'opinion, bouleversée après le drame de l'école Sandy Hook où 20 enfants avaient été tués.

Depuis, les projets de lois déposés s'enlisent au Congrès à tel point que le président Barack Obama a conjuré jeudi 28 mars les Américains de ne pas oublier Newtown, afin de faire pression sur les élus.

L'interdiction des fusils d'assaut, comme celui utilisé par le meurtrier des enfants, ne devrait ainsi pas voir le jour, de l'aveu même des démocrates. Reste la généralisation des vérifications d'identité et des antécédents judiciaires et psychiatriques avant chaque achat d'armes.

Mais l'émotion s'est atténuée. Une série de sondages montre que le soutien de la population à une réglementation plus stricte, provoqué par l'émotion, revient à son niveau d'avant Newtown.

En forme de pied de nez à Washington, Nelson, une petite ville de Géorgie (sud des États-Unis), a même voté, mardi 2 avril, une loi demandant à chaque foyer "d'entretenir une arme à feu avec ses munitions".

"La NRA n'a jamais eu à faire face à autant d'opposition"

La NRA "va continuer à dominer le débat parce qu'elle représente l'industrie des armes, influence les élections et touche de nombreux Américains" dans ses stages d'entraînement, affirme à l'AFP Jenny Carlson, sociologue à l'Université Berkeley en Californie.

La "violence par les armes est profondément ancrée" dans le pays et "franchement, aucun groupe n'a rien proposé pour s'attaquer à ses racines", ajoute la chercheuse.

Pourtant, dans le Connecticut, théâtre de la tragédie de Newtown, les élus viennent de se mettre d'accord pour voter des lois considérées comme les plus restrictives de tout le pays.

La "NRA n'a jamais eu, depuis longtemps, à faire face à autant d'opposition", observe  le professeur de droit Adam Winkler, de l'université UCLA. "Pendant des années, elle était seule à parler, en faveur des armes" et ses opposants étaient impuissants et sans ressources, selon lui. Aujourd'hui, avec le soutien du maire de New York Michael Bloomberg qui a lancé une campagne contre la NRA, "la bataille pourrait être à l'avenir plus équilibrée", estime-t-il.

Avec dépêches