L'ex-ministre du Budget Jérôme Cahuzac a été entendu par les juges et a reconnu être en possession d'un compte à l'étranger depuis une vingtaine d'années. Il a été mis en examen pour blanchiment de fraude fiscale. La classe politique se déchaîne.
L'ancien ministre du Budget Jérôme Cahuzac a été mis en examen mardi 2 avril pour blanchiment de fraude fiscale après avoir reconnu posséder un compte à l'étranger depuis une vingtaine d'années. Dans une déclaration publiée sur son blog, il se dit "dévasté par le remords". Jérôme Cahuzac demande pardon au président Hollande et au gouvernement pour le "dommage qu'il leur a causé", "une faute inqualifiable", selon lui. Les aveux de son mensonge ont déclenché une avalanche de réactions indignées dans la classe politique.
- Le président François Hollande a pris"acte avec grande sévérité des aveux de Jérôme Cahuzac" et a évoqué "une impardonnable faute morale".
- Des responsables de l'UMP ont mis en cause non seulement Jérôme Cahuzac pour son mensonge mais aussi François Hollande et Jean-Marc Ayrault, en suggérant qu'ils étaient au courant. Nombre d’entre eux ont réclamé des explications du chef du gouvernement et du président de la République, voire des excuses. Jean-François Copé a ainsi demandé à François Hollande s'il "savait", et lui a enjoint de "s'expliquer devant les Français". A l'Assemblée, la député UMP Nathalie Kosciusko-Morizet a quant à elle demandé que le Premier ministre "vienne s'expliquer devant la représentation nationale". Christian Jacob, chef de file des députés UMP, a dit également "avoir du mal à imaginer que le président de la République et le Premier ministre n'aient pas été au courant de la situation". Enfin, l'ancien président de l'Assemblée nationale Bernard Accoyer (UMP) a exigé pour sa part "des excuses publiques" du Premier ministre Jean-Marc Ayrault sur l'affaire Cahuzac, dès mercredi, lors de la séance des questions au gouvernement.
- Au 20 heures de France 2, Jean-Marc Ayrault a quant à lui exprimé sa "tristesse et sa consternation" après que l'ex-ministre Jérôme Cahuzac a reconnu avoir "menti devant le président de la République, le Premier ministre et la représentation nationale". Estimant que Jérôme Cahuzac s’était rendu coupable de "trahison", il lui a enjoint de "ne plus exercer de responsabilités politiques quelles qu'elles soient". Refusant de présenter les excuses réclamées par l’opposition, il a estimé que c’était à la personne en cause de le faire, mais "maintenant ces excuses passeront par la justice", a-t-il conclu.
- Le président du Modem François Bayrou a lui aussi réagi et dit craindre "des dégâts dévastateurs pour le monde politique français".
- Edwy Plenel, patron fondateur de Mediapart qui a révélé l'existence du compte en Suisse de l'ancien ministre du Budget, a estimé qu'"accabler Jérôme Cahuzac ne sert à rien" et qu'"il vaut mieux s'interroger sur ce qui s'est passé depuis quatre mois". "Jérôme Cahuzac s'est enferré dans ce mensonge avec la complicité de la majorité de la classe politique de droite comme de gauche et, hélas, d'une grande partie du monde médiatique", a-t-il estimé sur l'antenne de FRANCE 24.
- Jean-Luc Mélenchon, le co-président du Parti de gauche, a eu des mots sévères à l’encontre de Jérôme Cahuzac. "Un salopard c'est ça, c'est quelqu'un qui n'assume pas sa responsabilité personnelle, qui ment à tout le monde et qui n'a aucune conscience personnelle", a-t-il déclaré. Il a également jugé le gouvernement dans une "posture extrêmement affaiblie". "Ils n'inspirent plus confiance, les uns ont l'air de ne plus savoir où ils en sont et les autres sont des gros menteurs avérés", a-t-il dit.
- Le Front national a estimé que les aveux de Jérôme Cahuzac sur son compte bancaire à l'étranger constituaient une "affaire d'État" et que le "président de la République et le gouvernement ne pouvaient [en] ignorer le fond".