logo

Bouteflika, candidat à sa propre succession, fait campagne en Kabylie

En pleine campagne électorale, le président algérien Abdelaziz Bouteflika, qui brigue un troisième mandat le 9 avril, s'est rendu en Kabylie - une région encore marquée par les émeutes de 2001 qui avaient fait plus de 120 morts.

AFP - Le président algérien Abdelaziz Bouteflika, qui brigue un troisième mandat le 9 avril, a lancé vendredi un appel en Kabylie à "l'unité nationale" et s'est incliné devant "la mémoire des martyrs" des émeutes qui ont endeuillé cette région en 2001.

"Je n'ai jamais imaginé la Kabylie sans l'Algérie, pas plus que je n'ai imaginé l'Algérie sans la Kabylie", a-t-il affirmé à Tizi Ouzou (100 km à l'est d'Alger), devant une salle archi-comble, en qualifiant cette rencontre "d'historique".

M. Bouteflika ne s'était pas rendu dans cette ville depuis 2005, et il s'est offert dès son arrivée un bain de foule sur le principal boulevard de Tizi Ouzou.

Mais "le patriote que je suis ne peut imaginer un instant que l'on puisse discuter de l'unité nationale", a ajouté M. Bouteflika, mêlant le français et l'arabe, et soulignant l'accueil "digne" que Tizi Ouzou lui avait réservé.

"Je ne peux ne pas m'incliner devant les martyrs de 2001", a-t-il encore dit.

La Kabylie a été endeuillée en avril 2001 par des émeutes qui ont éclaté après le décès d'un jeune homme tué par un gendarme et fait plus de 120 morts et des centaines de blessés.

Cette crise avait provoqué un certain ressentiment des Kabyles vis-à-vis du pouvoir central.

"Les Algériens pleurent (ces victimes). Je ne sais pas jusqu'à l'instant, du poste où je suis, comment et ce qui a provoqué cette tragédie nationale qui s'est décuplée", a encore affirmé M. Bouteflika, en ajoutant: "je suis un authentique amazigh (berbère, ndlr). Quand je me trompe, je sais faire mon mea-culpa".

"Vous avez dit que l'Algérie est amazighe, mais d'une façon brutale", a dit le président en référence aux évènements de 2001, ajoutant qu'en face des opposants ont "réagi d'une façon brutale", .

Depuis, le Tamazight a été inscrite dans la Constitution comme langue nationale et le gouvernement a lancé récemment une chaîne de télévision en berbère.

Mercredi à Béjaia, l'autre ville de Kabylie, M. Bouteflika avait lancé un appel aux habitants de cette région pour ouvrir une "nouvelle page".

"L'Algérie vous attend et a besoin de vous, vous nous avez manqué en nous boudant et en tardant à venir nous rejoindre".

Lors des présidentielles de 1999 et de 2004, le taux de participation en Kabylie, avait été très faible comparativement au reste du pays. Les deux principaux d'opposition, le Front des forces socialistes (FFS) de Hocine Ait Ahmed et le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD, laïque), de Saïd Sadi, bien implantés en Kabylie, ont décidé de boycotter la présidentielle du 9 avril.

M. Bouteflika veut obtenir un plébiscite populaire pour son troisième mandat à la tête de l'Algérie lors de cette élection dont le taux de participation constitue le principal enjeu.

Affirmant que "pour progresser, il faut la paix et la sécurité", le président Bouteflika s'est adressé aux islamistes armés, très actifs dans la région, en lançant un appel à ceux qui "endeuillent le pays à réintégrer la société". "Faute de quoi, le peuple et les services de sécurité sont là pour leur répondre".

"En aucune manière, on ne peut vivre dans cette situation d'insécurité", a-t-il dit.

Les massifs forestiers de Kabylie, souvent difficiles d'accès, constituent un repaire pour des groupes d'Al-Qaïda au maghreb islamique (Aqmi) qui mènent des opérations ponctuelles contre les forces de sécurité et commettent parfois des attentats à la bombe contre des cibles officielles.