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Le juge Gentil reçoit des menaces de mort

Jean-Michel Gentil, le juge d'instruction à l'origine de la mise en examen de Nicolas Sarkozy, a reçu mercredi une lettre le menaçant de mort accompagnée de cartouches. Les proches du juge et d'autres magistrats sont également visés.

L'affaire a été révélée par le Syndicat de la magistrature (SM). Une lettre menaçante, accompagnée de munitions, visant notamment le juge d'instruction Jean-Michel Gentil qui vient de mettre en examen Nicolas Sarkozy, a été reçue mercredi au parquet de Bordeaux, a-t-on appris de sources concordantes. Plusieurs autres membres de la magistrature ont également été visés par ce courrier.

Une lettre et des cartouches à blanc

Dans un communiqué intitulé "Sérénité!", le SM annonce "qu'après les déclarations indignées voire injurieuses de certains politiques suite à la mise en examen de Nicolas Sarkozy, après la mise en cause de l'impartialité d'un des magistrats [M. Gentil, NDLR] en charge du dossier par Thierry Herzog, avocat de Nicolas Sarkozy, ce magistrat est aujourd'hui destinataire d'un courrier, auquel étaient jointes des cartouches à blanc, le menaçant clairement de mort, lui, ses proches, et les membres du Syndicat de la magistrature dont il ferait partie".

Un proche du juge d'instruction a précisé que ce courrier contenant "des menaces caractérisées" et visant "Jean-Michel Gentil et d'autres magistrats", était arrivé au parquet de Bordeaux, "qui a dû diligenter une enquête préliminaire", et a saisi la police, a indiqué une autre source. Cette lettre était accompagnée "de munitions d'arme de guerre", selon ces sources. Le parquet de Bordeaux n'était pas joignable pour un commentaire, mercredi soir.

La lettre, a expliqué cette autre source à l'AFP, était adressée à "M. Gentil du Syndicat de la Magistrature", alors qu'il n'en fait pas partie, et on l'y accuse d'avoir "franchi l'irréparable". Le syndicat lui-même, qui se classe à gauche, y est qualifié de "groupuscule de juges rouges révolutionnaires, totalitaires, enragés et engagés politiquement".

"L'un des vôtres va disparaître"

"Vous êtes physiquement bien protégé", lance l'auteur au juge, "mais l'un des vôtres va disparaître". Il est précisé que "les cartouches jointes sont à blanc, en attendant de monter nos interventions", et il est précisé que les laboratoires d'expertise ne parviendront pas à trouver trace des auteurs de ces lettres.

Selon Sud Ouest, les deux collègues du juges, Cécile Ramonatxo et Valérie Noël, auraient également reçu des lettres de menaces. L'information n'était pas confirmée mercredi soir.

Dans son communiqué, le SM remarque que "la violence des propos de la garde rapprochée de l'ancien président et l'œuvre de décrédibilisation de la justice à laquelle elle s'est livrée ne peuvent que susciter l'incompréhension des citoyens, la perte de confiance en l'institution judiciaire et, pour finir, l'insupportable déchaînement de haine envers les magistrats chargés de rendre la justice".

Le Syndicat de la magistrature remarque que "Nicolas Sarkozy bénéficie comme chacun de la présomption d'innocence et a le droit de se défendre comme il l'entend". "Mais nous rappelons", conclut-il, "que chacun doit faire preuve de la plus grande responsabilité dans ses propos et dénonçons fermement cette intolérable escalade de violence".

Une décision qui a suscité des commentaires particulièrement virulents de la part d'une grande partie de l'opposition, et notamment de l'ancien conseiller spécial de l'ancien président Henri Guaino, que M. Gentil a décidé de poursuivre pour ses propos.

Interrogée par l'AFP, la présidente du SM, Françoise Martres, a indiqué que le syndicat "reçoit régulièrement des courriers de menaces, mais que, depuis que cette affaire a commencé, il reçoit des lettres d'injures et d'outrages qu'on ne reçoit pas d'habitude, certaines extrêmement haineuses".

FRANCE 24 avec dépêches